[Tribune] Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République – Par Ousmane Niang
Monsieur le président, est-ce qu’il ne serait pas plus important pour vous de poursuivre votre programme phare c’est-à-dire le « PSE ».
En effet, nous tenons à vous rappeler que le « crédit restant » de votre mandat est de 4ans. Ainsi,malgré la crise qui nous secoue présentement, il faut aussi vous rendre à l’évidence que votre mandat sera évalué en fonction de vos promesses, celles que vous avez consignées dans le Plan Sénégal Émergent (PSE). De ce point de vue, vous risquerez fort d’avoir un bilan creux en voulant vaille que vaille combattre La covid-19 .
En réalité, il me semble que vous avez perdu une bataille – celle sanitaire- mais pas encore les guerres. Car, je considère qu’il vous reste « d’autres guerres » à mener que vous risquerez de perdre si vous concentrez toutes vos forces dans la perspective de l’éradication de la pandémie de Covid-19, qui, nous le savons bien, pourrait vous faire perdre et du temps et des mannes financières très importantes.
A cet effet, j’estime que l’argent dépensé dans l’achat et la distribution des vivres n’est purement et simplement que du gaspillage d’autant plus qu’il pouvait permettre de construire presque cinq hôpitaux très bien équipés en même temps que de relever le plateau médical de ceux qui étaient encore sur place.
Monsieur le président, il faut le rappeler, notre plateau médical laisse quand même à désirer, et cela, vous le savez mieux que quiconque. L’illustration parfaite est que nos autorités étatiques, une fois malades, préféreraient mille fois migrer dans les pays étrangers pour se faire prendre médicalement en charge plutôt que de se rendre dans nos propres structures sanitaires ; une situation qui nous désole tous, malheureusement. Si bien que beaucoup de citoyens n’ont plus foi aux aides-soignantes et choisiraient l’option rester chez eux. Une attitude qui les oblige très souvent à aller chez les charlatans ou les guérisseurs de la médecine traditionnelle avec tous les risques que cela comporte.
Monsieur le président, je considère, par ailleurs, que c’est inadmissible de voir
des jeunes trentagénaires, une fois malades, semblent toujours condamnés à périr dans les hôpitaux. Si nous savons que dans les grandes nations, aucun dirigeant ne cautionne la perte d’un jeune de cette tranche d’âge si ce n’est dans un accident.
Au demeurant, il convient aussi de préciser que les projets que vous avez à peine lancés commencent à battre de l’aile au nombre desquels nous pouvons citer:
– La DER(délégation Générale à l’entreprenariat rapide
-Le TER(train express régional
-Le BRT(Bus Rapide transit
-Le PROMOVILLE(programme pour la modernisation des villes
-Le PUMA(programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers
-La CMU(couverture maladie universelle.
Dès lors au regard de ce constat amer, j’aurais envie de dire que « L’heure est grave » pour juste vous paraphraser. Monsieur le président, tout porte à croire que « l’heure deviendra plus grave » si toutefois vous perdez d’estime devant vos compatriotes après cette crise liée à la Covid-19.
Monsieur le président, c’est parce que je vous aime bien que je dis que ce qui se passe actuellement dans ce pays ne vous honore guère. À parler franchement, il faut savoir que les populations souffrent péniblement à cause de la précarité notoire de leurs conditions de vie et, ceci, nonobstant tous les efforts que vous avez consentis pour y remédier. Je vous dis à haute et intelligible voix que devoir se limiter à combattre la covid-19 est loin d’être un bilan positif, à mon sens. Si j’ose vous prodiguer des conseils, je vous suggérerais de chercher un plan rapide de relance de l’économie nationale, capable de booster tous les secteurs que la sous-tendent sans pour autant entraver sous quelque façon que ce soit le vécu social ainsi que le bien-être de vos concitoyens.
Monsieur le président, je m’en vais vous dire que l’éducation sénégalaise va mal, très mal qu’elle effleure aujourd’hui une année blanche ou invalide. De ce fait, une assise nationale sur l’éducation et la formation est plus qu’indispensable. Surtout que enseignants et élèves souffrent d’une surcharge intellectuelle avec un programme éducatif montagneux. Donc les experts de ce secteur pourront, avec vous bien sûr, « retailler » le problème sans pour autant impacter le niveau des apprenants. Pour en avoir le coeur net, je vous rappelle qu’au Sénégal, un élève en classe terminale doit apprendre, mine de rien, presque vingt cinq leçons d’histoire et de géographie sans compter les autres matières ; ce qui, de mon point de vue, rend difficile les enseignements-apprentissages. D’autant qu’une perte énorme de temps est constatée chaque année dans le quantum horaire à cause des grèves et fériés. Ainsi, en allégeant le programme, nous pourrions gagner 2 mois sur le calendrier scolaire ; ce qui nous permettrait de dérouler les cours dans un délai raisonnable de 6 mois et demi comme cela se passe particulièrement en France. Pour ce qui est du cas de
l’enseignement supérieur, beaucoup de réformes sont attendues à ce niveau. Je préconise que le chevauchement des années académiques soit remédié si nous voulons avoir des études supérieures de qualité.
Monsieur le président, nous vous avons renouvelé notre confiance avec 58,3 % des votes; donc nous attendons beaucoup de vous. Aucune déception ne serait tolérée de la part de vos concitoyens.
A l’heure où je vous adresse ces mots, j’estime que « Rome brûle » comme l’avait métamorphosé le poète français Alphonse de Lamartine quand son peuple vivait les moments les plus durs de son histoire. Ainsi je vous souhaite tout le meilleur et vous dis : bonne chance pour l’après COVID-19
Ousmane NIANG
Cordonnateur du mouvement ÉLITE-SENEGAL