Démocratie

Affaire du juge Téliko : les magistrats veulent la tête du ministre Malick Sall

Ministre de la justice Malick Sall
Malick Sall, ministre de la justice

Avis de tempête sur la Justice sénégalaise. Après le Comité de ressort de Thiès, sonnant la mobilisation face à ce que ses membres considèrent comme un affront, celui de Dakar se signale. Ce, pour exiger le départ sans délai de Me Malick Sall, Garde des Sceaux et ministre de la Justice.

En cause, la convocation de Souleymane Teliko, le président de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS), devant le Conseil de discipline de la magistrature.

En représailles, les juges menacent de perturber les tribunaux du pays si cette procédure est maintenue, condamnant « fermement » ce qu’ils qualifient de « démarche malintentionnée du ministre de la Justice ». Dans ce sillage, ils réaffirment leur soutien « indéfectible » à leur collègue Teliko, exigeant « l’arrêt immédiat de la procédure disciplinaire engagée » contre ce dernier.

Par ailleurs, le Comité de ressort exhorte le Bureau exécutif de l’UMS à « adresser des lettres de dénonciation à toutes les missions diplomatiques accréditées au Sénégal et à l’Union internationale des magistrats (UIM) », invitant les juges à « se constituer d’ores et déjà, aux côtés des avocats choisis et de procéder, le cas échéant, au renvoi de toutes les audiences le jour de la comparution » de Souleymane Teliko ».

En conclusion, le Bureau exécutif de l’UMS est invité à convoquer « dans les plus brefs délais » une Assemblée générale extraordinaire.

Le ton est ainsi donné au point de presse convoqué ce vendredi après-midi, 2 octobre par l’UMS dans une note signée par Souleymane Teliko lui-même.

Invité du « Jury du dimanche’’ (JDD) de Mamoudou Ibra Kane, en juillet dernier, ce dernier regrettait que « les conditions ne (soient) pas réunies pour que la Justice puisse exercer son indépendance », pointant « un problème d’équilibre des pouvoirs ».

« Tel que c’est fait, le ministre a la possibilité de s’immiscer dans les affaires judiciaires, avait-il argumenté. Le parquet est une autorité judiciaire qui a des attributions juridictionnelles, qui peut ordonner des arrestations, requérir le mandat de dépôt, exercer des voies de recours qui maintiennent la personne en détention. Quand vous mettez une telle autorité sous la subordination de l’exécutif, indirectement vous donnez à l’exécutif la possibilité d’avoir une influence sur le traitement des affaires judiciaires. Donc, aujourd’hui le ministre peut, par instruction écrite, demander au parquet de requérir dans tel ou tel sens. Cela est une entorse aux principes de la séparation des pouvoirs ».
En juin, devant la même barre, Me Malick Sall avait soutenu le contraire, arguant que les juges sont totalement indépendants du pouvoir politique. Car ayant « toutes les garanties constitutionnelles ».

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