Politique

Levée du corps du Pr Iba Der Thiam : une Bibliothèque brûle

Corbillard mort décès
un corbillard transportant le corps de feu Iba Der Thiam

Le professeur Iba Der Thiam a tiré sa révérence le samedi 31 octobre 2020 vers les coups de 22h à l’hôpital Principal de Dakar. L’éminent professeur agrégé qui était chargé de coordonner l’Histoire générale du Sénégal, était âgé de 83 ans. Il a été conduit à sa dernière demeure hier par une forte foule, après la cérémonie de levée du corps à la mosquée de Liberté IV.

Ancien ministre de l’Éducation sous Abdou Diouf, Maitre de conférences titulaire en histoire moderne contemporaine et membre du comité scientifique de l’Unesco chargé de d’écrire l’histoire du Sénégal, mais aussi coordonnateur de l’Histoire générale du Sénégal, le professeur Iba Der Thiam repose désormais au cimetière de Yoff. La nouvelle de son décès s’est propagée comme une trainée de poudre, le samedi, un peu après 22 heures, plongeant tout le Sénégal dans une consternation totale.

Avec la disparition de cet historien émérite qui était chargé d’écrire l’histoire du Sénégal des origines à nos jours, c’est une bibliothèque qui brûle.Né à Kaffrine en 1937, il a rendu l’âme à l’âge de 83 ans à l’hôpital Principal de Dakar. Depuis l’annonce de son décès, les témoignages sur ce grand homme de l’histoire du Sénégal fusent de partout.

Macky Sall : «Iba Der Thiam est une figure capitale du Sénégal contemporain»

Le Président Macky Sall a été l’un des premiers à livrer son témoignage sur le défunt à travers son compte Twitter. Le chef de l’État reconnaît la dimension internationale du disparu. «Historien de notoriété mondiale, professeur émérite et humaniste radical, Iba Der Thiam est une figure capitale du Sénégal contemporain», a-t-il écrit avant d’ajouter : «patriote lucide, il a dirigé avec passion la rédaction en cours de l’Histoire générale de notre pays tout en étant membre du comité scientifique de l’histoire générale de l’Afrique au nom des Nations-Unies» magnifie-t-il.

Mary Teuw Niane : «un homme généreux, ouvert, affable…»

Le professeur Mary Teuw Niane abonde dans le même sens sur sa page Facebook. Il parle «d’un grand homme, un patriote, un intellectuel, un réformateur, un Africain». Qui «a apporté sa touche personnelle à la réforme de l’école sénégalaise. Syndicaliste et historien du syndicalisme, il a contribué aux luttes syndicales multiformes de l’école sénégalaise. Professeur titulaire des universités, il a fait avancer les études sur l’histoire de l’Afrique et du Sénégal et il a contribué fortement à la parution de l’Histoire générale du Sénégal, des origines à nos jours».

A en croire l’ancien ministre de Macky Sall, au-delà du savant connu de tous, Iba Der Thiam fut un homme généreux, ouvert, affable et attaché aux valeurs africaines de jom, de fit, de kersa et de teranga. «Professeur Iba Der Thiam, c’était avant tout le savoir, le xamxam, ce savoir encyclopédique à nul autre pareil qu’il partageait avec générosité et spontanéité», raconte Mary Teuw Niane qui présente ses condoléances à son épouse et à toute sa famille.

Modou Diagne Fada : «un historien généreux, un parlementaire rompu à la tâche, un homme politique désintéressé et un nationaliste convaincu»

Le Directeur de la Sonacos a lui aussi présenté ses condoléances à la famille biologique, politique et universitaire du défunt historien, sa page Facebook. Selon Modou Diagne Fada, le professeur Iba Der Thiam était l’un des plus grands intellectuels du Sénégal des temps modernes. «Je retiens de lui un historien généreux, un parlementaire rompu à la tâche, un syndicaliste hors pair, un homme politique désintéressé et un nationaliste convaincu», écrit-il.

Mahammed Dionne : «j’ai perdu un oncle, un musulman accompli. Un homme de foi s’en est allé»

Venu représenter le président de la République à la levée du corps, Mahammed Boun Abdallah Dionne a d’abord expliqué ses liens de parenté avec le défunt. A l’en croire, Iba Der était son oncle et il lui arrivait très souvent d’aller lui apporter les commissions de sa mère quand il était plus jeune. L’ancien secrétaire d’État témoigne de la foi de son défunt oncle en ces termes. «c’est un musulman accompli, un homme de foi qui nous a quittés. J’ai été forcé de patienter des heures durant pour lui délivrer la commission de maman, parce qu’il devait faire son wird», affirme-t-il devant l’assistance. Poursuivant, il déclare que Iba Der Thiam était en durant avec des ambitions saines. «Il avait cette facilité de se remettre à Dieu face à n’importe quelle situation. Son cursus en est la parfaite illustration; il a débuté en tant qu’enseignant puis comme professeur agrégé d’université», soutient Boun Dionne.

Ousmane Ngom : «il était l’un des rares ministres à quitter la table du Conseil des ministres pour aller prier à l’heure du jummah»

Ancien collègue ministre du défunt historien, Ousmane Ngom a tenu à accompagner Iba Der Thiam à sa dernière demeure. D’après ce dernier, c’est un homme d’une très grande intégrité, au-delà de ses connaissances encyclopédiques mondialement reconnues sanctionnées par les nombreuses missions internationales. Sur le plan intellectuel, personne ne peut contester sa grandeur. Au-delà de tout cela, ce qu’il retient de Iba Der, c’est sa foi et sa piété.«Nous avons partagé plusieurs fois la table du Conseil des ministres et lorsque le conseil se tenait le vendredi à l’heure de prière du jummah, Iba Der Thiam était l’un des rares ministres à quitter la table pour aller prier, quoique cela pouvait lui coûter.

Il ne pouvait pas s’imaginer rater cette prière», témoigne Ousmane Ngom, qui assure que le défunt l’a même encouragé à le faire. Il y avait aussi l’histoire de son salaire de ministre. «Quand il était député et professeur en même temps, il a refusé d’encaisser son salaire de parlementaire pendant plusieurs années, parce qu’il était inconcevable pour lui d’encaisser les deux salaires. Il a fallu que le président de l’Assemblée le convoque pour qu’il se décide à affecter le salaire aux œuvres caritatives», explique l’ancien ministre de l’Intérieur.

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