Mort prochaine de l’Ucg: l’État veut confier nos ordures à une société sri-lankaise sans expérience dans le secteur
La gestion des déchets et des ordures, jusque-là dévolue à l’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides au Sénégal (Ucg), sera confiée à une nouvelle société. Dans la presse, on évoquait, courant avril 2021, la naissance d’une société anonyme baptisée la «Sénégalaise de Gestion de Déchets». Mais, dix jours plus tard, «Les Échos» est en mesure d’affirmer que l’Etat sénégalais négocie avec l’entreprise sri-lankaise spécialisée dans l’énergie solaire Wind Force Energy. Mais un problème se pose : Wind Force qui pourrait décrocher, très prochainement, le contrat de gestion des déchets au Sénégal, n’a aucune expérience dans le domaine de la gestion des déchets. Et pourtant, on apprend que les discussions sont très avancées pour décrocher un contrat.
Dans sa politique d’assainissement du pays, l’Etat sénégalais joue sur plusieurs tableaux. Le gouvernement de Président Macky Sall qui veut faire du Sénégal l’un des pays les plus propres et les plus éco-friendly (respectueux de la nature) du continent a récemment annoncé, par le truchement de son ministre de l’Urbanisme, du Logement et l’Hygiène publique, que la gestion des ordures sera confiée à une nouvelle société.
Dans la presse, on évoquait la naissance d’une société anonyme baptisée la «Sénégalaise de Gestion de Déchets». La révélation a été faite, le 14 avril dernier, par le ministre de l’Urbanisme, de l’Hygiène publique et du Logement, Abdoulaye Sow, qui a assuré que la future société couvrira toute l’étendue du pays en collaboration avec les collectivités territoriales.
Le Pdg de Wind Force vend la mèche
Mais, dix jours plus tard, «Les Échos» est mesure de dire que l’Etat sénégalais négocie avec une entreprise sri-lankaise spécialisée dans l’énergie solaire. Selon nos informations, c’est le Pdg de l’entreprise Wind Force, Manjula Perera, qui a informé que sa boîte a entrepris des négociations avec l’Etat du Sénégal pour décrocher le contrat de gestion des ordures dans notre pays. «Les discussions sont très avancées pour décrocher un contrat de gestion des déchets», a confié Manjula Perera.
L’État du Sénégal est, en effet, en train de négocier avec la compagnie sri-lankaise Wind Force Energy qui pourrait décrocher, très prochainement, un contrat de gestion des déchets. Wind Force Plc, qui a commencé ses activités à la Bourse de Colombo (Cse) jeudi, se lancera ainsi dans la gestion des déchets au Sénégal.
Wind Force spécialisée dans… l’énergie solaire
Mais cette affaire pose deux véritables problèmes : d’abord le ministre Abdoulaye Sow qui a révélé, il y a une quinze jours, la création d’une nouvelle société (la Sénégalaise de Gestion de Déchets), n’a jamais fait état des négociations en cours avec la compagnie sri-lankaise Wind Force. Ensuite la société en question n’a jusque-là aucune expérience dans le domaine de la gestion des déchets. Wind Force est en réalité une entreprise spécialisée dans l’énergie solaire. D’ailleurs, à côté de la gestion des déchets, Wind Force devra également démarrer une centrale solaire au Sénégal.
L’autre souci qu’on peut citer, c’est le fait que cette décision de l’État du Sénégal intervient alors que les gouvernants eux-mêmes n’ont jamais cessé de vanter les mérites de l’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides au Sénégal (Ucg).
Rappelons que l’Ucg est née de la fusion, en 2011, entre l’Agence pour la propreté du Sénégal (Aprosen) et l’Entente Cadak-Car. Elle est rattachée au ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. Ses missions sont, entre autres, d’accompagner les collectivités locales dans la prise en charge de leurs compétences, en matière de gestion des déchets solides, à l’effet de pouvoir arriver à l’amélioration du cadre de vie, par la mise en place d’infrastructures aux normes, la gestion du balayage, de la collecte et du transport des déchets et la mobilisation sociale. Mais également de conduire l’élaboration de la stratégie nationale de gestion des déchets et de renforcer les capacités des communes, par la mise en œuvre de projets et programmes.
Avec Les Échos