Coup d’État en Guinée : les militaires arrêtent Alpha Condé, la rue applaudit, l’Ua et l’Onu condamnent
La Guinée plonge dans un avenir incertain, après le coup d’Etat de ce jour. Les hommes du Commandant Mamady Doumbouya qui ont procédé ce matin à l’arrestation du président Alpha Condé, sont les nouveaux maîtres de Conakry. Alors qu’ils se dirigeaient à la télévision nationale, le militaires sont applaudis par des citoyens qui affichent leur satisfaction de vivre ce changement de régime. De leurs côtés l’Organisation des nations unies et l’Union africaine ont condamné.
Une foule en liesse est sortie pour acclamer les militaires sur la route Le Prince pour leur « courage », a-t-on appris dimanche, de sources locales.
« Vive l’armée ! Vive le coup d’Etat ! » Ce sont là entre autres slogans qu’ils ont scandé dans les rues de Conakry à l’endroit des militaires, a indiqué à l’Agence Anadolu (AA), Bah Signon, enseignant à Conakry.
Les militaires se sont plus tard rendus à la Radiodiffusion télévision guinéenne (RTG) pour soumettre leur communiqué de prise du pouvoir.
Le drapeau guinéen (rouge, jaune et vert) autour du coup, le nouveau maître du pays a expliqué à la RTG ses motivations et annoncé une transition militaire « rapide et paisible ».
« Au siège de la RTG et dans les rues de Conakry, les nouveaux maîtres de Conakry sont applaudis par des citoyens qui affichent leur satisfaction de vivre ce changement de régime », a indiqué pour sa part à AA, Kalil Diakité, directeur de la télévision nationale (RTG).
« Beaucoup de Guinéens qui ont appelé la RTG au téléphone ce dimanche, ont demandé déjà aux nouveaux maîtres du pays de libérer les prisonniers politiques et annoncer des signes de décrispation qui permettraient de réconcilier le peuple et lui permettre de respirer ». a ajouté M. Kalil.
Dans son discours à la télévision nationale, le Colonel Mamady Doumbouya a dénoncé les tares du pouvoir caractérisé par une gabegie financière, la politisation à outrance de l’administration publique, la pauvreté et la corruption endémique.
Pour mettre un terme à ces tares, la junte a promis de travailler désormais avec « le peuple souverain de la Guinée dans sa totalité. Nous avons décidé à partir de l’instant de dissoudre la Constitution », a ajouté le colonel précisant que la junte s’engage à faire participer « les quatre régions naturelles, et la diaspora » dans la rédaction d’une nouvelle constitution.
« Il y a eu beaucoup de morts, beaucoup de blessés, et beaucoup de larmes. Nous allons tous nous asseoir pour rédiger une constitution qui est adoptée à nos réalités, capable de régler nos problèmes parce que si vous voyez l’état de nos routes, vous voyez l’état de nos hôpitaux, vous vous rendrez compte qu’après 62 ans d’indépendance, il est temps » qu’on se donne la main.
« Nous allons engager une concertation nationale pour une transition inclusive et apaisée. Plus personne ne doit mourir pour rien », assure le patron de la junte.
Avant de rassurer l’ensemble des organisations et partenaires internationaux, sur le respect des engagements pris vis-à-vis d’eux et de la communauté internationale.
Le Colonel Doumbouya a également cité l’ancien président de la République du Ghana, Jerry Rawlings qui disait « si le peuple est écrasé par ses élites, il revient à l’armée de rendre au peuple sa liberté ».
Il faut rappeler que le président Alpha Condé renversé dimanche par le coup d’État, vient d’entamer un troisième mandat, après une réforme de la constitution fortement controversée qui avait provoqué avant et après l’élection, des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier à des confrontations politiques sanglantes.
L’élection a été précédée et suivie par l’arrestation de dizaines d’opposants.
Le SG de l’ONU condamne toute prise de pouvoir par la force
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres « condamne fermement toute prise de pouvoir du gouvernement par la force du fusil et appelle à la libération immédiate du Président Alpha Condé » en Guinée, a-t-il fait savoir dans un tweet diffusé ce dimanche en fin de journée.
Il assure suivre « personnellement de très près la situation ».
Le secrétaire général de l’ONU réagissait après plusieurs heures de confusion en Guinée où un coup d’Etat est en cours depuis la mi-journée.
Dans l’après-midi, des hommes armés, commandés par le Colonel Mamady Doumbouya, ancien légionnaire de l’armée française, ont annoncé à la télévision et radio nationale guinéenne avoir pris le dessus sur la garde présidentielle à Conakry.
«Nous avons décidé, après avoir vu le Président, qui est avec nous, de dissoudre la constitution en vigueur, dissoudre le gouvernement et la fermeture des frontières terrestres et aériennes», a fait savoir Mamady Doumbouya.
Le colonel justifie son action par « le dysfonctionnement des institutions républicaines, (…) l’instrumentalisation de la justice» et « le piétinement des droits des citoyens ».
Pour rappel, Alpha Condé était président de la Guinée depuis décembre 2010 après avoir été réélu deux fois en 2015 et 2020. Il a par ailleurs présidé l’Union africaine de janvier 2017 à janvier 2018.
L’Union africaine condamne
Par un communiqué conjoint, le Président en exercice de l’Union africaine (UA), le chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi et celui de la Commission de la même organisation, Moussa Faki Mahamat ont réagi au coup d’Etat qui a eu lieu ce 5 septembre 2021 en Guinée.
Félix Tshisekedi et Moussa Faki Mahamat condamnent “toute prise de pouvoir par la force” et demandent la libération immédiate du Président Alpha Condé.
Les présidents en exercice de l’UA et de la Commission de l’UA invitent le Conseil de paix et de sécurité de l’organisation continentale à se réunir d’urgence pour examiner “la nouvelle situation en Guinée et pour prendre les mesures appropriées aux circonstances”.