Effondrements de bâtiments au Sénégal : les préconisation du comité technique
Pour le ministre de l’Urbanisme, les effondrements de bâtiments sont souvent liés à la nature du sol, à la vétusté des bâtiments, mais aussi à la qualité des matériaux de construction. En tout cas, de l’avis du directeur de Cabinet du ministre de l’Intérieur, 1446 édifices à risque ont été recensés au mois d’avril sur l’étendue du territoire, dont les 627 à Dakar.
Suite à la recrudescence des effondrements de bâtiments constatés au Sénégal et principalement dans la région de Dakar, le chef de l’Etat avait engagé le ministère de l’Urbanisme et son homologue de l’Intérieur à mener un audit général des bâtiments, des matériaux et systèmes de construction pour une mise aux normes.
Près de dix mois après la directive présidentielle, le ministre Abdoulaye Saydou Sow, a présidé hier la cérémonie de validation du rapport provisoire de la commission technique sur l’audit général des bâtiments, des matériaux et systèmes de construction, pour une mise aux normes.
«Hormis les quartiers anciens de Dakar où on rencontre souvent des bâtiments d’un âge avancé, nous constatons ces derniers temps des effondrements de bâtiments neufs dans la périphérie de Dakar.
Ces effondrements sont souvent liés à la nature du sol, à la vétusté des bâtiments, mais aussi et surtout à la qualité des matériaux de construction», a d’emblée indiqué le ministre de l’Urbanisme.
Un rapport produit par d’éminents experts du bâtiment
Le ministre de l’Intérieur a été représenté par son directeur de Cabinet, Cheikh Sadibou Diop, qui est revenu sur les initiatives prises par le Département dans le cadre de cet audit des bâtiments. Il est ainsi revenu sur le travail de recensement des bâtiments à risque réalisé par les gouverneurs de région. «Le recensement effectué au mois d’avril a fait le constat de 1446 édifices à risque sur l’étendue du territoire dont près de la moitié (627) se trouve dans la région de Dakar», indique Cheikh Sadibou Diop.
A l’en croire, la réglementation est à parfaire en cas de constat de bâtiments à risque afin de permettre aux maires de prendre des mesures par arrêté, soit pour évacuer les occupants, soit pour ordonner la démolition des bâtiments qui menacent ruine, soit pour fermer ces bâtiments. Mais aussi, dit-il, de pouvoir prendre des mesures pour réhabiliter ces bâtiments ou reloger certains occupants. Ce qui nécessite, dit-il, des moyens financiers qui permettraient de prendre certains de ces cas spécifiques.
ABDOULAYE SAYDOU SOW SUR LES EFFONDREMENTS DE BATIMENTS «Ce sont des erreurs de 20 ans qui nous rattrapent»
Abdoulaye Saydou Sow a dégagé en touche la responsabilité de son ministère ainsi que celle de la Protection civile dans les effondrements de bâtiments. A l’en croire, ce sont des erreurs de 20 ans qui rattrapent le pouvoir en place. Interpellé sur le manque de moyens de l’Igb, il est d’avis que l’absence de moyens ne doit pas être un obstacle infranchissable pour accomplir leur mission.
Le ministre Abdoulaye Saydou Sow a décoché ses vérités sur les manquements relevés dans certains services de son département. En effet, lors de l’atelier de validation du rapport provisoire, il a été beaucoup question de moyens et de ressources humaines dont l’Inspection générale des bâtiments (Igb) serait dépourvue pour mener à bien ses missions. Pour la tutelle, au-delà de ces manquements, se pose également la question de l’état d’esprit et de la volonté. A l’en croire, quelle que soit la difficulté, si les gens sont présents, une solution sera trouvée. Revenant sur les moyens, notamment les tenues des agents de l’Igb, Abdoulaye Sow révèle qu’on ne peut les dissocier des tenues des ouvriers de chantiers.
Ce qui ne permet pas, dit-il, de les identifier, encore moins de faire respecter leur autorité sur le terrain. «La tenue fait parfois office d’autorité, mais si on doit s’habiller comme des ouvriers, votre présence ne sera pas dissuasive. Mais, la tenue doit aussi s’accommoder d’une posture et d’une volonté réelle d’accomplir son travail. C’est l’homme qui fait le poste», indique-t-il.
«Parfois nos services sont défaillants, on crie au manque de moyens et on croise les bras. Je pense que l’absence de moyens ne doit pas être un obstacle infranchissable», ajoute le ministre de l’Urbanisme qui invite l’Igb à communiquer sur ses missions.
Ces effondrements ne sont pas de notre responsabilité
A l’en croire, dans ce monde, «si vous ne communiquez pas, on a l’impression que vous ne travaillez pas. Il faut communiquer sur vos actions, utiliser tous les canaux modernes de communication notamment les réseaux sociaux. Il faut être partout où le débat s’installe. Il faut aller dans toutes les émissions. Ceux qui sont investis d’une confiance doivent expliquer que ces effondrements ne sont pas de notre responsabilité, ni de la responsabilité de la Protection civile. Ce sont des erreurs de 20 ans qui nous rattrapent», se désole de constater Abdoulaye Sow. Il a également annoncé le recrutement de 50 agents décidé par le chef de l’Etat pour renforcer l’Igb.
Auparavant, Ahma Gaye, venu représenter le maire de Biscuiterie, a déploré l’absence sur le terrain de la Protection civile après l’identification des bâtiments qui menacent ruine. En effet, il se désole de constater que les agents de la Protection civile ne se présentent que lorsqu’il y a effondrement. Quant à la présence des préfets, il révèle que ces autorités administratives ne sont pas épargnées puisqu’elles sont dans des bâtiments qui ne sont pas aux normes et qui menacent ruine.