Affaire du présumé viol : Adji Sarr sort du silence un an après ses accusations contre Ousmane Sonko
Adji Sarr prend la parole pour la première fois depuis près d’un an après avoir accusé de viols répétés Ousmane Sonko, leader du Pastef (actuel maire de Ziguinchor). Une affaire judiciaire qui avait provoqué de violentes émeutes partout au Sénégal et 13 morts.
Tandis qu’elle parle, Adji Sarr effleure du bout des doigts un récent tatouage gravé de son prénom sur son poignet. « Tout le monde me disait de changer de nom, pour ne plus être reconnue, mais j’ai refusé, car je suis fière d’être qui je suis », lance la jeune femme, qui a accusé l’opposant politique Ousmane Sonko en 2021 de viols répétés dans le salon de massage »sweet beauty » où elle était employée.
Cette affaire judiciaire avait embrasé le Sénégal, provoquant des émeutes violentes et meurtrières à travers le pays, alors que le dirigeant du parti le Pastef dénonçait un complot pour l’écarter de la scène politique.
Au total, 13 morts selon les chiffres officiels et 590 blessés ont été comptés par la Croix rouge. Un an plus tard, Adji Sarr sort de son silence « pour que la vérité éclate », accordant quelques entretiens à des médias triés sur le volet.
Les morts
“Tout un pays m’accuse d’être responsable de ces morts. C’est très lourd. Mais je ne veux plus rester silencieuse, je dois donner ma version des faits“, a déclaré Adji Sarr.
Le film
“La première fois, au moment de se déshabiller pour le massage, il a déposé ses deux armes sur une table. Cela m’a intimidée. Après la prestation, il a réclamé un “plus”. J’ai refusé. Il a insisté et m’a violée. Il me répétait qu’il serait le futur président du Sénégal et que je n’avais pas intérêt à parler, que personne ne me croirait“, a rappelé la jeune masseuse, lors d’un entretien avec nos confrères de “Le Monde”.
Pourquoi être restée travailler dans ce salon, se demandent nombre de Sénégalais ?
“Après le premier viol, sous le choc, j’ai fui dans mon village. Mais sans mon salaire de 60 000 francs CFA, je ne pouvais plus payer les frais de santé de ma tante malade, qui m’a élevée. Et la gérante du salon m’avait promis que cela ne se reproduirait plus“, se justifie-t-elle. Mais “le mec”, comme elle l’appelle, serait revenu le 21 décembre 2020. “J’ai eu la peur de ma vie en ouvrant la porte.” D’après son récit, il la viole deux fois dans un bain à remous après un massage classique. En raison de son état, la jeune femme affirme avoir été incapable de s’asseoir pendant une semaine, ses collègues l’auraient encouragée à porter plainte, ce qu’elle finira par faire le 2 février 2021.
La galère
La veille, Ousmane Sonko aurait fait irruption dans l’établissement en plein couvre-feu
imposé dans le cadre de la lutte contre la pandémie. A l’issue d’une séance à quatre mains, il aurait profité du départ de la deuxième masseuse pour agresser à nouveau Adji Sarr, raconte la plaignante. Elle comprend qu’il « ne s’arrêtera jamais » : « Il m’a dit qu’il ne pouvait pas imposer ses préférences sexuelles extrêmes à ses épouses très pieuses.”
La plainte
C’est Sidy Ahmed Mbaye, un ami et voisin, à qui elle s’était déjà confiée, qui la conduit à l’hôpital. Le lendemain matin, ils se rendent à la Section de recherche de la gendarmerie de Colobane pour déposer plainte.
Fatou Kiné SOW