[Tribune] Le Maroc pour un sommet d’affaires États Unis d’Amérique (USA) et États Unis d’Afrique – Par Malick Kane
Marrakech – Les rideaux viennent de tomber sur le 14ème « U.S. – AFRICA BUSINESS SUMMIT » qui s’est déroulé du 19 au 22 Juillet 2022 à Marrakech ‘MAROC) sous le thème stratégique « CONSTRUIRE ENSEMBLE LE FUTUR ».
C’est devenu un rituel. Chaque année, on nous sert un Sommet « France – AFRIQUE » ou « Chine – AFRIQUE » ou « Russie – AFRIQUE » … Ainsi, selon la Vice – Présidente américaine Kamala HARRIS qui intervenait lors de l’ouverture du présent « U.S. – AFRICA BUSINESS SUMMIT » à Marrakech, les Etas Unis vont organiser un « Sommet Présidentiel Etats Unis / AFRIQUE » porté par le Président Joe BIDEN du 13 au 15 décembre 2022 à la Maison Blanche.
Plus de 450 entreprises américaines sont présentes à Marrakech pour scruter les opportunités d’affaires sous le ciel africain. Il faut le reconnaître, le retour triomphal du Royaume Chérifien sur la scène continentale est en train de bousculer beaucoup de certitudes quand on sait que son repositionnement géostratégique perturbe la distribution des cartes.
Bénéficiant d’une façade maritime méditerranéenne justifiant pendant longtemps d’un rapprochement EUROMED, le Maroc a rebroussé chemin pour focusser sur ses racines africaines ancestrales telles que prescrites dans sa Constitution.
Cependant, l’épineuse question de l’intégration africaine comme préalable à tout partenariat sérieux extérieur avec les Etats Unis ou tout autre Bloc ou Grand ensemble s’est fait sentir dans les différentes sessions relatives à la « Construction d’un Ecosystème alimentaire durable », aux questions liées aux « Capacités pour une production locale africaine de produits médicaux », à une « Tentative de réduction de la Fracture digitale / numérique dans un monde Post – Covid »… aux problématiques infrastructurelles, aux difficultés de financement de notre Développement et Investissements, sans oublier « le Streaming avec de nouvelles frontières pour porter les narratives et storytelling africains au monde »… et enfin la stratégique Table ronde autour d’« Une Côte atlantique connectée pour une meilleure intégration africaine en Chaines de valeurs globales ».
L’OMBRE DU MEMORIAL GOREE – ALMADIES A PLANE SUR LE SOMMET :
Selon l’Administrateur – Directeur Général de la Bank of AFRICA, Filiale BMCE Group Maroc, en l’occurrence Monsieur Brahim Benjelloun – TOUIMI, « Les Etats Unis d’Amérique doivent beaucoup aux Contributions africaines qui se sont faites dans des conditions difficiles, dramatiques d’exploitation de l’homme par l’homme ».
Selon M. Benjelloun – TOUIMI, la population Afro – américaine d’aujourd’hui devrait être considérée comme un levier catalyseur pour un meilleur partenariat Afrique / Etats Unis.
Naturellement, nous partageons l’avis de ce dernier quand on sait que cette assertion ne peut être omise dans le débat constructif du nouveau Game Change des deux parties. Ici, nous avons proposé le cadre et la plateforme du Mémorial GOREE – ALMADIES porté par le Sénégal et l’Union Africaine dirigée aujourd’hui par le Président Macky SALL.
Rappelons qu’au-delà de la Traite négrière atlantique, GOREE représente pour nous tous le jalon préalable à la fameuse découverte du nouveau monde. D’où l’importance des ALMADIES qui cristallisent ces conquêtes au large de l’Atlantique africain, de Tanger (Nord Maroc) au désert de Namibe (Namibie) en passant par les Almadies (Finistère africain situé à Dakar).
Donc, le Mémorial démontre l’homogénéité historique de la géographie du réseau des ports d’embarquement atlantiques africains empruntés par les Peuples de la mer en l’occurrence « Moles – Mariniers » Lebou – Wolof, Pulaar, Mandingue, Yoruba… pendant des siècles avant l’expédition de 1312 du Mansa du Mali Bakary 2 et du navigateur génois Christophe Colomb en 1492.
Ces Thèses géostratégiques et historiques émises par le Pr. Pathé DIAGNE, Précurseur du Mémorial Gorée – Almadies, trouvent tout leur sens dans cette nouvelle tentative panafricaniste de rapprochement non seulement entre les Etats Unis et l’Afrique mais plus loin entre les Amériques et l’Afrique.
Ceci étant, à défaut des ETATS UNIS D’AFRIQUE comme Interlocuteur sérieux des Etats Unis d’Amérique ou de l’Union Européenne ou de la Chine…, il faudrait des Clusters de pays comme la Bande interconnectée MAROC – SENEGAL – AFRIQUE DU SUD comme Gateways ou Portails régionaux pour agréger les opportunités d’affaires, d’investissement et de commerce autour de la nouvelle TRANSATLANTICITE afrogénique.
L’ABSENCE REMARQUEE DU SENEGAL AU SOMMET :
Vu la position DIASPLOMATIQUE,
géopolitique du SENEGAL et tenant compte de sa Présidence de l’UA, notre Gouvernement, accompagné d’une forte délégation du Secteur privé, devait jouer un rôle central durant ledit Sommet.
Aujourd’hui, rien ne peut se décider sur le plan panafricain et pan-afrodiasporique sans le Sénégal qui porte le Mémorial GOREE. Ceci, nos Autorités étatiques devraient le savoir et ne pas adopter la politique de la chaise vide autour des questions éminemment DIASPLOMATIQUES – Politiques – Economiques.
Nous pensons que notre diplomatie devrait être plus agressive à l’instar de celle du Maroc qui use de l’influence, du Soft-power pour engager les Intellectuels, les Artistes, les Institutionnels, les Membres des Sociétés civiles autour de son repositionnement comme Interlocuteur direct et Hub d’entrée des USA sur les questions de Développement, de Renaissance africaine…
Ce partenariat avec le CORPORATE COUNCIL ON AFRICA, qui a organisé ce Sommet, en est une illustration parfaite surtout porté par le Roi Mohamed VI et tout le Gouvernement marocain.
D’ailleurs, le Communiqué de presse reçu le confirme en ces termes : « le choix d’organiser au Maroc cet événement, tenu pour la première fois en Afrique du Nord, traduit l’engagement du Royaume en faveur du développement durable du continent africain et d’une meilleure insertion de ses économies dans les chaînes de valeurs mondiales et témoigne de la volonté commune de repositionner l’Afrique dans les courants d’échanges internationaux, dans un contexte de relance économique post – Covid et de reconfiguration de l’échiquier économique mondial. »
Le Communiqué continue et précise : « … ce Sommet représente une opportunité de consolider le positionnement stratégique du Maroc, seul pays africain ayant conclu un accord de libre – échange avec les Etats Unis, en tant que Hub pour l’Afrique et Partenaire économique de référence pour les USA. »
Tout cela nous ramène à un nouveau type de partenariat interne Maroc / Sénégal / Afrique. Abordant la question du substrat du commerce transsaharien historique, bous avons démontré que l’axe géo-économique historique Dakar – Nouakchott – Casablanca représenté aujourd’hui par la Route côtière atlantique devrait être mieux prise en charge.
Rappelons que le Maroc constitue pour nous un accès routier à l’Europe et à la Méditerranée. Le Sénégal, grâce à cette route côtière, pourrait accéder rapidement en trois (3) jours à l’Europe méditerranéenne pour une fluidité du commerce et des investissements Publics – Privés…
Malick KANE
Directeur de Publication
AFRIG MAG.