Interview

Abba Mbaye : « l’ambition de Yewwi c’est de gouverner ensemble ce pays »

Babacar Abba Mbaye
Babacar Abba Mbaye, député

Abba Mbaye : "l’ambition de Yewwi c’est de gouverner ensemble ce pays"

Relations entre Khalifa Sall et Ousmane Sonko, candidature de son mentor, affaire Mame Mbaye Niang… le député Babacar Abba Mbaye à cœur ouvert. Le parlementaire proche de l’ex maire de Dakar a confié que «l’ambition de Yewwi c’est de gouverner ensemble ce pays»

Les Echos : Le procès de Ousmane Sonko contre Mame Mbaye Niang vient a été renvoyé. Que vous inspire cette affaire ?

Aba Mbaye : Ce que l’opinion retiendra, c’est la violence exercée contre Ousmane Sonko et les jubilations des responsables de l’Apr. on n’est pas dans le cadre d’un procès en diffamation. S’il y a des objectifs cachés, c’est d’éliminer Ousmane Sonko de la présidentielle de 2024. Je pense que les Sénégalais l’ont compris. Ils ne veulent plus voir d’autres candidats à la présidentielle éliminés. Le moment venu, les gens déterminent les combats à mener.

Selon vous, Sonko a-t-il finalement bien fait de répondre au tribunal ?

Il a très bien fait. Ce dossier a fait l’objet d’un livre. Comment peut-on poursuivre Ousmane Sonko et laisser Birahim Seck ? Donc si Mame Mbaye Niang avait à poursuivre quelqu’un, ce serait Birahim Seck. Il a bien fait de se déplacer pour tenir sa vérité à l’opinion et permettre aux Sénégalais de savoir ce qui allait se faire. Ce qui s’est passé jeudi doit être l’occasion d’une mobilisation nationale, pour montrer au pouvoir qu’on sait ce qu’il prépare mais ça ne passera pas.

Votre leader Khalifa Sall est en précampagne du côté de Tambacounda. Vous pensez qu’il a des chances?

On est dans un moment où chacun doit prendre ses responsabilités. Ce que fait Khalifa Sall est juste louable et admirable. Il a vécu l’histoire politique de ce pays de manière directe ou indirecte aux premières loges de tous les régimes qui sont passés. Il a son mot à dire, il a son rôle à jouer. Il aurait pu dire : ‘’je suis éliminé, je n’ai plus mes droits, je n’ai plus les forces pour me battre’’. Mais la République mérite tous les sacrifices. Il montre à l’opinion que jusqu’au dernier souffle de sa vie, il reste engagé, il a sa partition à jouer.

Ses chances devant Sonko ?

La présidentielle, c’est entre un homme et un peuple. Nous étions là aux premières loges lors du combat contre Abdoulaye Wade. Nous avons vécu toutes les étapes du 23 juin jusqu’à la fin. Nous étions là aux locales de 2009. Beaucoup ne donnaient pas cher de la peau de Macky que personne ne voyait comme président. La dynamique électorale se consolide à quelques mois du scrutin, une fois que les candidatures sont déposées. Personne ne pensait qu’Ousmane Sonko, qui a eu le plus fort reste aux législatives de 2017, allait devenir 3ème à l’élection présidentielle de 2019. C’est parce qu’il s’est passé des dynamiques de candidatures.

Des dynamiques se consolideront et se feront à un moment. Un Khalifa Sall qui retrouve ses droits civiques n’a rien n’a voir à un Khalifa qui avance avec un doute savamment ancré dans la tête des Sénégalais. Le moment n’est pas au calcul personnel. Yewwi Askan Wi nous a permis de gagner les locales et les législatives. Elle doit nous permettre de gouverner ensemble le pays et que chacun joue le rôle qu’il a à jouer pour que Yaw gagne. Si je dis Yaw, c’est n’importe quel membre de cette coalition, pour que nous puissions mettre en œuvre les changements que nous comptons mettre en œuvre dans ce pays.

On parle beaucoup de retrouvailles de la grande famille de gauche…

C’est une démarche sur laquelle je fonde espoir. Notre République est écornée et elle craque de toutes parts. Politiquement, on doit retrouver ces partis qui ont une bonne dynamique politique et que notre démocratie qui a été fauchée par Macky Sall à travers cette élimination de candidats et la création de partis ou de mouvements spontanés, se réorganisent autour de pôles forts qui ont une doctrine de gouvernement, qui ont une culture de la gouvernance …au lieu d’avoir un champ politique avec un modèle d’individualités qui n’ont pas un ancrage fort, qui ramènent les élections tout le temps à de sempiternelles perturbations, des jeux de couloirs, des jeux inimaginables. Ce qui est important, c’est d’avoir des blocs forts, cohérents, avec une vraie doctrine forte, prêts à gouverner à tout moment. Les dynamiques seront non figées et les changements, les alternances au niveau local, au niveau parlementaire, au niveau national seront régulières. Je suis pour que ces grandes familles, ces grands ensembles cohérents se reforment.

Vous êtes prêt à retourner à la maison du père après que vous avez été chassés de ce parti ?

Le fractionnement de la gauche a été toujours une histoire de personnes. Vous prenez l’Afp, vous prenez l’Urd de feu Djibo Kâ. Ce sont des querelles de personnes qui ont causé une explosion de ce qu’on appelle la grande gauche. La politique au Sénégal est devenue une histoire de querelle de personnes. Tout le monde doit réfléchir au pourquoi on doit se retrouver et dans quoi on doit se retrouver. C’est une réflexion très profonde.

A la ville de Dakar et les autres instances de décision de Yewwi, il se dit que vos relations avec Pastef ne sont pas toujours ça. C’est quoi la vérité ?

C’est de la manipulation. La coalition était partie voir le président Ousmane Sonko. Au niveau de la ville de Dakar et des autres entités, tout le monde travaille en étroite collaboration. Nous sommes plus forts que çà. Yaw a traversé des crises beaucoup plus difficiles. Il était plus difficile d’investir pour les locales. Il a été beaucoup plus difficile d’investir pour les législatives. La coalition a été à deux doigts d’exploser. Mais noua avons surmonté tout cela. Nous sommes en train de vivre les derniers soubresauts avant d’aller vers quelque chose de plus important qui est de gouverner ensemble ce pays.

Sonko comme seul candidat de l’opposition. Défendrez-vous ce projet ?

On verra en fonction du contexte qui se présentera. Je ne pense pas qu’il soit plus judicieux d’aller dans un mode électoral où on fait tous bloc autour d’une personne, mais tout dépendra des candidatures qui seront en face. L’intercoalition Yewwi-Wallu fait plus d’un million de voix, Benno fait plus encore lors des dernières élections. Donc c’est une réflexion très étroite qu’il faut avoir qui ne peut pas se faire maintenant, mais qui se fera au moment des candidatures et des dynamiques qui seront en face.

La date de présidentielle est connue. Êtes-vous prêts ?

Si on y enlève les fêtes et les cérémonies religieuses et parrainages, nous dirons que nous sommes à 6 mois de la présidentielle. On y est. C’est un temps très politique. C’est pourquoi les gens doivent accepter que tous les candidats soient dans leurs agendas. Les parrainages, c’est un vrai défi pour certains. Ensuite l’organisation de la campagne en termes d’idées, de logistique…

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Encoches : « Khalifa Sall a vécu l’histoire politique de ce pays de manière direct ou indirect aux premières loges de tous les régimes qui sont passés »; « Il aurait pu dire, je suis éliminé, je n’ai plus mes droits, je n’ai plus les forces pour me battre. Mais la République mérite tous les sacrifices »; « Un Khalifa Sall qui retrouve ses droits civiques n’a rien n’a voir avec un Khalifa qui avance avec un doute savamment ancré dans la tête des Sénégalais »

Baye Modou SARR

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