[Tribune] Kaolack : l’urgence d’un leadership visionnaire
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Kaolack, région située au cœur du Sénégal, est souvent présentée comme un territoire stratégique grâce à sa position géographique et à son dynamisme commercial historique.
Pour autant, la région peine à exprimer son potentiel et un constat est régulièrement fait : le manque de leadership local. Cette absence de leadership freine les initiatives, bloque les projets de développement et contribue à la stagnation de sa politique socio-économique, malgré les nombreuses opportunités qui s’offrent à elle.
Le marché central de Kaolack : une illustration frappante de l’abandon
La situation du marché central de Kaolack est révélatrice des défis auxquels est confronté l’eldorado du Saloum. Jadis moteur économique essentiel, ce marché, réputé être l’un des plus grands du Sénégal, est aujourd’hui dans un état de vétusté avancé. Les ruelles sont dans un état déplorable, surtout pendant la saison des pluies, rendant difficile la circulation des commerçants et des clients. En effet, les infrastructures sont vieillissantes et l’absence de système de drainage des eaux de pluie transforme les ruelles en véritables champs d’épandage, rendant l’accès difficile pour les usagers.
Une telle situation a un impact sur l’activité économique locale, car les clients sont détournés vers d’autres marchés mieux structurés. En dépit des promesses faites par plusieurs dirigeants locaux et nationaux lors des campagnes électorales, aucune action concrète n’a été entreprise pour transformer ce lieu stratégique en un pôle commercial moderne.
Le port sec de Kaolack : une occasion manquée
Un autre exemple frappant est celui du port sec de Kaolack, un projet ambitieux qui aurait pu transformer la région en un centre logistique majeur, reliant le Sénégal à la Gambie, au Mali et à d’autres pays voisins.
Lancé avec beaucoup d’enthousiasme, le projet n’a jamais été finalisé en raison d’un manque de suivi, de financement, de promesses politiques non tenues et d’une mauvaise coordination entre les parties prenantes.
Ce projet inachevé reflète le manque de coordination entre les élus locaux, les autorités centrales et les investisseurs privés.
Principales causes de l’absence de leadership à Kaolack
Le déficit de leadership dans la région est causé par :
– La fuite des talents : De nombreux jeunes ambitieux quittent Kaolack pour Dakar ou l’étranger à la recherche de meilleures opportunités, laissant la région sans main-d’œuvre.
– Les rivalités politiques : les querelles entre les différents groupes politiques ou communautaires empêchent souvent la mise en œuvre de projets structurants.
– Manque de vision collective : Le manque de cohérence des initiatives locales se traduit par une faible collaboration entre les autorités, les acteurs économiques et la société civile.
– Soutien insuffisant à la société civile : Les associations locales, les ONG et les entrepreneurs, qui pourraient jouer un rôle moteur, manquent souvent de soutien financier et institutionnel.
Les conséquences d’un manque de leadership à Kaolack
Le manque de leadership à Kaolack a des répercussions importantes sur divers secteurs :
– Sur l’économie : Les secteurs stratégiques tels que l’agriculture (notamment la production d’arachide) et le commerce sont sous-exploités. Les investisseurs sont réticents à investir dans une région perçue comme mal organisée.
– Sur la société : La jeunesse, confrontée au chômage et à l’absence de perspectives, se retrouve marginalisée ou contrainte à l’émigration.
– Sur le patrimoine culturel : Le riche patrimoine de Kaolack, notamment ses traditions culturelles et ses sites historiques, reste sous-développé.
Renforcer le leadership à Kaolack
Pour stimuler le développement local, un certain nombre d’initiatives doivent être revues:
– Cultiver un leadership fort et inclusif : La mise en place de programmes de formation et d’encadrement est impérative pour préparer une nouvelle génération de leaders. Il faut créer des espaces où les jeunes peuvent s’exprimer et proposer leurs idées.
– Investir dans la jeunesse : Il convient également de mettre en place des programmes de formation et de mentorat pour préparer une nouvelle génération de dirigeants.
– Renforcer la collaboration locale : Promouvoir le dialogue et la coopération entre les élus, les chefs religieux et les associations. Mettre en place des forums de consultation réguliers pour harmoniser les initiatives.
– Promouvoir les réussites locales : Mettre en avant les entrepreneurs locaux et les projets réussis pour inspirer des changements positifs.
– Mobiliser la diaspora : inciter les natifs de Kaolack vivant ailleurs à revenir ou à investir dans leur région d’origine.
Il ressort en conclusion que le manque de leadership à Kaolack est un problème urgent mais pas insurmontable. Il est vrai que la région regorge de talents, de ressources et d’opportunités qui, s’ils sont bien encadrés par des leaders visionnaires, pourraient transformer Kaolack en un moteur de développement national.
Pour ce faire, la population, les décideurs locaux et la diaspora devraient unir leurs forces afin d’impulser ce changement tant attendu. Un réveil collectif est nécessaire pour que Kaolack brille à nouveau de mille feux.
Mamadou Omar SY,
Etudiant en Gestion de projet, spécialisé en Agriculture Ecologique et Biologique.
