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Wade brule l’Internationale Libérale : «Tout ce qu’elle a fait, c’est modifier ses règles, pour pouvoir recruter notre adversaire qui est un antidémocratique patenté»

Campagne électorale Wade
Abdoulaye Wade, Pds

En tant que Secrétaire général du Pds, Wade assume ses responsabilités, en demandant aux siens de quitter l’Internationale libérale et de manifester publiquement si celle-ci maintient sa rencontre de Dakar. Dans sa lettre du 28 août 2018, adressée au représentant du Pds à l’instance internationale, le pape du libéralisme sénégalais dénonce l’attitude du «monde libéral qui s’endort pendant qu’on torture des libéraux au Sénégal». Pour Wade, ce sera une fierté pour son parti de quitter l’Internationale libérale, qui n’a jamais levé le plus petit doigt face aux dérives du régime et de son leader Macky Sall, qu’il peint sous les traits d’un véritable dictateur.

Wade a porté sa tenue de combat contre l’Internationale libérale qui a prévu de réunir son Comité directeur à Dakar en novembre prochain. Une rencontre qui n’est pas du goût du pape du libéralisme sénégalais, eu égard au comportement du Président libéral Macky Sall qui, déplore-t-il, bafoue les libertés et les persécute. «Je ne cherche pas à empêcher la tenue au Sénégal de la réunion de l’Internationale libérale», souligne d’emblée Me Wade. Avant d’afficher sa fermeté : «je veux seulement  faire comprendre au Comité directeur et, maintenant, aux membres, que si elle maintient sa décision de se tenir à Dakar, le Pds démissionnera de l’Internationale libérale et, le jour de la réunion, nous sortirons dans la rue avec nos pancartes».

«Sous les coups répétés du féroce Macky Sall, l’Internationale n’a pas, une seule fois, levé le petit doigt alors qu’elle devait être en première ligne»

Et pour cause, il souligne que celle-ci a adopté une attitude passive devant leur persécution par Macky Sall et son régime. C’est pourquoi, il ne se préoccupe guère de ce que sera la réaction de l’instance face à la décision de son parti. «Peut m’importe ce que l’Internationale libérale a l’intention de dire (ça, c’est du futur où on se réfugie trop facilement).

Pendant notre traversée du désert sous les coups répétés du féroce Macky Sall, l’Internationale n’a pas, une seule fois, levé le petit doigt alors qu’elle devait être en première ligne», assène-t-il. Pire, Wade note que l’Internationale libérale les a même affaiblis en faisant la part belle à leur adversaire Macky Sall, qu’il a peint sous les traits d’un dictateur. «Tout ce qu’elle a fait, c’est modifier ses règles pour pouvoir recruter notre adversaire qui est un antidémocrate patenté», soutient-il.

Pour étayer ses accusations, il affirme que le Président Macky Sall «emprisonne les opposants, les empêche arbitrairement de sortir du territoire, interdit leurs réunions qu’il disperse par la force, pourchasse les étudiants dans les campus en violant les franchises de l’université, avec une violence inouïe qui entraine des blessés graves et, par deux fois, mort d’homme, vassalise la justice, refuse l’application des arrêts de la Cedeao, lorsqu’il y perd un procès, tourne le dos aux avis confirmés par le groupe de travail de la Commission des droits de l’homme de l’Onu de Genève, tourne le dos à un arrêt de la Cour d’appel de Paris confirmant un jugement du Tribunal de Grande Instance de Paris…».

Et pour couronner le tout, Wade déclare que Macky Sall, candidat à sa propre succession, «prépare un coup d’Etat électoral avec des lois inédites ou tout au moins travesties».

«Puisque l’Internationale libérale continue d’avoir dans ses rangs l’Apr, le Pds sera fier d’en sortir…»

Cognant toujours l’instance internationale des libéraux, Me Wade pense que son parti sera d’autant plus à l’aise pour le quitter qu’elle continue d’avoir en son sein le parti de Macky Sall, à qui il attribue une foule de dérives qui vont toutes à l’encontre de l’idéal et des valeurs du libéralisme qui les avaient amenés à intégrer l’Internationale libérale.

«Puisque cette Internationale continue à  avoir dans ses rangs un parti, l’Apr, qui organise les élections à sa guise, sans concertation avec l’opposition, modifie les lois électorales à quelques jours du scrutin, en violation de la Règlementation Cedeao, un ministre de l’Intérieur qui, au cours des élections législatives, a retenu 1.500.000 cartes d’électeurs de jeunes qui, à la veille de la présidentielle, courent encore derrière leurs cartes, au total 30% d’électeurs sans cartes au pointage fait 4 jours avant le scrutin des législatives, un Président qui se lance personnellement dans le débauchages des responsables de l’opposition, de préférence les adjoints de leaders indécrochables, un parti qui commet ou couvre tous ces délits, le Pds sera fier d’en sortir», explique l’ancien Président.

Une démission d’autant plus normale, pour lui, que le Pds était allé à l’Internationale libérale, «pour trouver des alliés et combattre la dictature, la violation des droits de l’homme, le truquage d’élections et l’instauration d’une démocratie exemplaire en Afrique, démocratie qui combat la corruption et la concussion, crée des emplois aux jeunes, leur ouvre largement les portes de l’école et celles des universités».

Les Échos

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