Riche, célèbre et discret : Sadio Mané gagne 235 millions Fcfa par mois
Au Sénégal, Sadio Mané n’est pas observé comme n’importe quel joueur. L’exigence des Sénégalais, quand il revêt le maillot de la sélection nationale, est proportionnelle à son statut. A 26 ans, l’attaquant des Reds de Liverpool est considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde à son poste. Riche, célèbre et discret, l’attaquant brille plus avec son club qu’avec les Lions de la Teranga.
La saison qu’il a réalisée avec le club anglais en 2017-2018 est à ce jour la plus aboutie de sa carrière. Auteur de dix buts et de sept passes décisives en Premier League, Sadio Mané avait éclaboussé de son talent la scène européenne en marquant dix fois en Ligue des champions, lors d’une épopée qui s’était fracassée en finale face à l’impitoyable Real Madrid (1-3). Depuis le mois d’août, Sadio Mané surfe sur des bases élevées (quatre buts en championnat). Le joueur brille avec Liverpool, presque à chaque fois qu’il enfile le légendaire maillot rouge. Mais la question de ses performances en sélection est l’un des sujets de conversation préférés des Sénégalais. Dans les colonnes du site d’information Lemonde.fr, Alassane Ndour, ancien joueur de Saint-Etienne, admet que la pression autour de Sadio Mané peut partiellement l’inhiber. «Il y a une telle attente autour de lui qu’il a peut-être peur de mal faire. Et le brassard de capitaine est-il trop lourd à porter actuellement ?», s’interroge Alassane Ndour.
Mady Touré : «Sadio a besoin qu’on lui parle, qu’on le galvanise. Il a toujours dit qu’il finirait par jouer au Real Madrid ou à Barcelone»
Le 9 septembre, après le match nul du Sénégal à Madagascar (2-2) en qualifications pour la Can 2019, les critiques s’étaient de nouveau abattues sur l’attaquant, jugé trop discret sur la pelouse du stade Mahamasina d’Antananarivo. Pour sa part, Mady Touré, fondateur de Génération Foot, le centre de formation partenaire du FC Metz d’où est sorti Sadio Mané, estime que son ex-protégé doit être davantage responsabilisé. «Il doit être le patron de la sélection nationale, le dépositaire du jeu. Aliou Cissé, le sélectionneur, doit le lui dire. S’il fait de grands matchs en club, c’est parce que Jürgen Klopp sait comment l’utiliser. Sadio a besoin qu’on lui parle, qu’on le galvanise», a-t-il fait savoir. Le Casamançais est un joueur «toujours en formation», poursuit Mady Touré. Sadio Mané fonctionne par cycle de deux ans, toujours soucieux de ne pas griller les étapes. «Il a toujours dit qu’il finirait par jouer au Real Madrid ou à Barcelone. Je pense que cela arrivera. Après Metz puis Salzbourg (2012-2014), il a rejoint le FC Southampton (2014-2016), puis Liverpool. Il ne veut pas aller trop vite», nous dit Mady Touré.
Riche comme crésus, mais très modeste
A Liverpool, Sadio Mané est plutôt du genre casanier. «Il mène une vie tranquille. Il s’entraîne, joue, se repose. Même s’il gagne beaucoup d’argent, il a la tête sur les épaules. Cette discrétion est le fruit de son éducation», ajoute Mady Touré. Le joueur, qui a vu le jour à Bambaly, une petite commune de Casamance, dans une famille modeste, a perdu son père très jeune. «Sadio savait qu’il n’y avait que le foot pour lui permettre d’aider les siens», poursuit le formateur. A 13 ans, après avoir passé plusieurs tests, l’adolescent rejoint Dakar et Génération Foot. «C’est un garçon timide, mais qui a toujours cru en lui. Il ne doute pas. C’est sa force. Il me disait souvent : ‘’Ne vous inquiétez pas, président, je vais réussir”» A Metz, en Ligue 2 et en National, le jeune homme dégage un potentiel qui n’échappe pas aux Anglais d’Arsenal et aux Autrichiens du Red Bull Salzbourg, où Gérard Houllier, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France et alors Directeur mondial de la branche football du groupe américain, lui propose un plan de carrière.
Un salaire de 235 millions de francs Cfa par mois
Pragmatique, Sadio Mané préfère poursuivre sa formation en privilégiant le temps de jeu dans le modeste championnat autrichien, plutôt qu’un exil précoce en Premier League anglaise où de nombreux jeunes, partis trop tôt, ont été broyés. Liverpool, qui a déboursé 36 millions d’euros pour l’attirer à Anfield Road, va devoir lutter avec plus fortunés que lui pour conserver son phénomène. Cela passera probablement par une revalorisation des émoluments du Sénégalais, qui atteignent 360.000 euros par mois (235 millions de francs Cfa par mois).
Sadio Mané ne dilapide pas son argent : il ne possède pas cinq ou six voitures
Contrairement à d’autres footballeurs très bien rémunérés, Sadio Mané ne dilapide pas son argent. «Il ne possède pas cinq ou six voitures», précise Mady Touré, qui lui a plusieurs fois rendu visite en Angleterre. Sa famille est à l’abri, et le joueur, soucieux de son avenir, a investi dans des biens immobiliers au Sénégal. «Il ne finira pas dans le besoin. Ce n’est pas l’argent et la gloire qui vont lui monter à la tête. Il est bien entouré», insiste Mady Touré. Le joueur reste discret sur ses actions humanitaires. Il a récemment offert près de 240.000 euros pour la construction d’un lycée moderne à Bambaly. Et, au printemps, 300 maillots de Liverpool ont été envoyés dans son village natal. Preuve de son indéfectible attachement au Sénégal. Mais la star sénégalaise reste quand même le plus critiqué des Lions par rapport à ses prestations en équipe nationale.