Afrique

[Tribune] Chapeau bas à Mahamadou Issoufou ! Par Sidy Djimby NDAO

Par Kaolack Infos

Publié le 19 février 2021

Mahamadou Issoufou - Sidy Djimby NDAO

Il avait juré la main sur le cœur, qu’il ne tripatouillerait pas la Constitution pour solliciter un troisième mandat à la tête du Niger, comme c’est très souvent la pratique chez bien de ses pairs africains. Il a tenu parole. 

Mahamadou Issoufou président de la République du Niger 2011 – 2021

Dans une sous-région où revenir sur sa parole est devenu une religion pour des dictateurs en devenir; où d’Abidjan à Conakry, passant par Dakar, Lomé et même Banjul, la parole du commandant en chef ne vaut plus rien, il faut tirer un grand coup de chapeau à Mahamadou Issoufou.

Loin des reniements d’Alpha Condé, de Faure Gnassingbé et d’Alassane Dramane Ouattara et mieux que Macky Sall, dont la parole n’est pas fixe, le président du Niger a tenu sa parole en ne se présentant pas pour une troisième candidature à la présidentielle de son pays, par respect à la Constitution.

Cela devrait passer inaperçu, c’est dans l’ordre normal des choses.

Mais, il faut le dire, en Afrique de l’Ouest francophone, depuis longtemps, le normal n’a plus rien de normal.

Les constitutions sont tripatouillées, les adversaires politiques sont emprisonnés ou exilés, s’ils ne sont pas tout simplement exécutés.

En respectant sa parole, Mahamadou Issoufou donne une leçon de grandeur et de démocratie à tous ces pairs de la sous-région.

En le faisant, il se situe à mille lieues de souffrir du syndrome d’hubris, cette tare propre à bien des dirigeants africains, qui les rend égoïstes, égotistes, narcissiques et autistes, au point de ne jamais se rassasier du pouvoir et de ne penser à passer la main.

C’est tout à son honneur d’asséner aux dictateurs africains, qui se plaisent à se faire passer pour des messies, qu’il y a bel et bien une vie après le pouvoir, alors que les peuples africains, de plus en plus instruits et critiques, ne savent que très bien que «les cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables».

Merci à lui d’éviter le chaos démocratique à son pays.

PS : Le second tour de la présidentielle au Niger opposera le 21 février prochain Mohamed Bazoum, candidat du parti au pouvoir arrivé assez largement en tête à l’opposant Mahamane Ousmane, désormais leader de l’opposition.

Par Sidy Djimby NDAO