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Ousmane Sonko descend Idrissa Seck : « Il perdu sa dignité… ce qu’il me disait après la présidentielle 2019 »

Présidentielle 2019 : les candidats de l'opposition montent au front après la proclamation provisoires des résultats
Ousmane Sonko - Idrissa Seck

A la veille du forum sur l’emploi, Ousmane Sonko est persuadé que le Président Macky Sall ne fera pas de résultat en dépit des 450 milliards mobilisés. A l’en croire, le chef de l’Etat n’a ni les moyens, ni la vision, encore moins la compétence pour régler la question de l’emploi des jeunes. S’agissant de l’affaire Adji Sarr, il révèle qu’il est plus pressé que cette affaire soit tirée au clair, étant donné que ce dossier, dit-il, est vide.

Sur sa chaîne «Jotna Tv», le président de Pastef a accordé une interview pour revenir sur la situation du pays. D’emblée, il est revenu sur le Mémorandum rendu public par le pouvoir pour l’accuser d’être à l’origine des violentes manifestations qui ont causé la mort de 13 personnes. A l’en croire, si tel était le cas, le procureur devrait ouvrir une enquête et l’arrêter. Ce qui n’est pas le cas. Ce qui lui fait dire que ce mémorandum est un communiqué destiné à l’international et non aux Sénégalais du fait de la pression que le gouvernement subit au niveau international. Idem, dit-il, pour la commission. Cependant, contrairement à la démarche du gouvernement, le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) va, à son tour, dit-il, présenter un mémorandum dans les prochains jours. Ce mémorandum, ajoute-t-il, sera suivi d’une plainte contre «le gouvernement et ses milices». Selon Ousmane Sonko, de telles pratiques doivent cesser au Sénégal et tôt ou tard, cette affaire sera clarifiée. «Cette affaire ne restera pas impunie parce que de telles pratiques deviennent récurrentes au Sénégal. Si rien n’est fait, ces actes vont perdurer. Le M2D va saisir les juridictions nationales et ensuite internationales», révèle Ousmane Sonko.

«Macky n’a ni la vision, ni la compétence de régler l’emploi des jeunes»

Le président de Pastef est persuadé que le chef de l’Etat a échoué sur tous les plans et ce qui lui reste à faire, c’est de terroriser la classe politique pour éviter le débat contradictoire. «Ils sont à un point où, même si le Ramadan est difficile, ils diront que c’est à cause de Sonko. Qu’ils se le tiennent pour dit, il y aura toujours une opposition. La terreur ne passera pas», martèle le député de Pastef. Contrairement à ses détracteurs, il révèle que s’il n’avait pas une posture responsable, il y aurait eu un bain de sang et l’armée prendrait le pouvoir. On était à deux doigts de ce scénario, c’est pourquoi, dit-il, tous les responsables de la mouvance s’étaient terrés dans leur trou. Revenant sur l’emploi des jeunes avec les 450 milliards annoncés, Ousmane Sonko indique que l’argent ne crée pas l’emploi, mais doit créer les conditions de la création d’emplois. «Macky Sall ne peut pas faire de résultat en trois ans. Il n’a ni les moyens, ni la vision, encore moins la compétence de régler l’emploi des jeunes», martèle le patriote.

Affaire Adji Sarr : «C’est un dossier vide que la justice doit vider au plus vite»

Le président de Pastef est plus que jamais décidé à ce que cette affaire de viol et de menaces, entre autres accusations, dans laquelle il a été cité par Adji Sarr, soit tirée au clair. «Je suis plus pressé que quiconque d’aller répondre devant le juge parce que c’est un dossier vide que la justice doit vider au plus vite», indique Ousmane Sonko qui précise dans la foulée qu’il n’acceptera pas que la justice attende la veille d’échéances électorales pour enclencher la procédure et l’empêcher de mener ses activités politiques. A propos du décès du Doyen des juges, en charge du dossier, Ousmane Sonko – après avoir prié pour le repos de l’âme du disparu – révèle que son successeur doit être nommé au plus vite pour instruire le dossier. A l’en croire, si tout se passe dans les règles de l’art, cette affaire sera classée sans suite. Si tel n’est pas le cas, il dit détenir les preuves, notamment les noms des comploteurs de cette affaire de mœurs au plus haut sommet de l’Etat qu’il compte brandir le jour du procès.

«Je préfère mourir que d’accepter que mes droits soient escamotés»

Poursuivant, il a pris le contrepied de ses détracteurs qui l’accusent d’être responsable des récentes manifestations. Et, c’est pour rappeler qu’il n’a jamais refusé de répondre à la Justice, mais pour que ces droits soient respectés. A l’en croire, le plan du pouvoir était de le convoquer et de le placer sous mandat de dépôt pour ensuite l’oublier en prison pendant trois ans. Seulement, il fait remarquer que ce plan a échoué. Toutefois, il est d’avis que le combat est loin d’être terminé et il n’acceptera pas que ce dossier soit utilisé par le pouvoir comme une arme politique. «Je n’accepterai pas qu’on escamote mes droits pour avoir une condamnation judiciaire. Ma vie ne vaut pas plus que la vie de ces 13 jeunes tués lors des manifestations. Les personnes décédées ne seront pas plus dignes que moi. Je préfère mourir que d’accepter que mes droits soient escamotés. Je préfère mourir que de me laisser piétiner. Je ne suis pas n’importe qui dans ce pays. On se doit respect», jure le patron de Pastef. A l’en croire, s’il était coupable, il n’accepterait jamais qu’une goutte de sang soit versée ou qu’une personne soit blessée.

«Cet homme a perdu sa dignité et se permet de nous critiquer»

Ousmane Sonko est en outre revenu sur son ex-camarade de l’opposition devenu président du Conseil économique social et environnemental (Cese), Idrissa Seck. «Il nous attaque or, au lendemain de la présidentielle, il a cherché à me rencontrer. Lors de la rencontre qui a eu lieu chez Pierre Goudiaby Atepa, il a dit qu’on doit manifester étant donné que les jeunes étaient avec moi. J’ai dit non. Les jeunes de son parti ont manifesté pendant que lui prenait la route de Touba. Il n’est jamais sorti pour manifester. Pour moi, la solution était pour nous de l’opposition de ne pas reconnaitre la légitimité de Macky Sall. C’était plus dévalorisant», indique le leader de Pastef qui révèle que l’opposition avait adhéré à cette démarche. «Comment il peut dire que je ne reconnais pas les élections et qu’il se fasse nommer par la suite ? C’est la dignité qui fait l’humain et c’est cet homme qui a perdu sa dignité qui se permet de critiquer un opposant», charge Ousmane Sonko qui persiste à croire que le chef de l’Etat n’est pas légitime à ses yeux.

Relation heurtée avec certains chefs religieux

Ousmane Sonko a également déploré la posture du pouvoir qui, dit-il, a envoyé des émissaires auprès de certains chefs religieux, y compris l’Eglise, pour le discréditer en le présentant comme un terroriste. «Certains d’entre eux ont cru à ces contrevérités alors qu’ils ne m’ont pas donné la chance de m’expliquer par rapport à ces accusations. Quand je dois rencontrer un religieux, ils font tout pour que la rencontre ne puisse pas se tenir, quitte à corrompre certains chambellans. Mais, c’est peine perdue. Aujourd’hui, beaucoup de ces chefs religieux se sont rendu compte que ce discours n’était pas fondé. Et nombreux sont les chefs religieux qui me considèrent aujourd’hui comme leur propre fils», explique Ousmane Sonko qui rappelle que ces hommes de Dieu sont une chance pour le Sénégal et le pouvoir gagnerait à institutionnaliser les rapports entre les religieux et le gouvernement pour qu’ils puissent donner leur avis sur des questions qui préoccupent le pays, même si c’est à titre consultatif. C’est mieux que l’Assemblée nationale, le Cese, le Hcct qui, à l’en croire, ne servent à rien.

Nemeeku tour : «ce prématuré politique est trop petit pour dissoudre notre parti»

Le président de Pastef a aussi soldé ses comptes avec le ministre de l’Intérieur qui avait décrié la levée de fonds, avant de menacer de dissoudre le parti. Selon Ousmane Sonko, c’est le montant de 125 millions qui a été mobilisé en un jour qui a fait peur au pouvoir. «Ce prématuré politique est trop petit pour dissoudre notre parti. Tout Sénégalais a le droit de contribuer au financement de son parti», sérine-t-il, avant de révéler qu’aucun lobby ou homme d’affaires n’est derrière le Pastef. «Le parti Pastef veut avoir les coudées franches pour diriger le Sénégal, c’est pourquoi il n’acceptera jamais d’être financé par des lobbies qui vont par la suite tirer les ficèles. Nous voulons notre indépendance dans la gestion du pays», souligne le patron de Pastef qui révèle que les levées de fonds vont se poursuivre pour récolter 500 millions ou un milliard, en attendant le Nemeeku tour à travers le pays. Ce qui lui faire que la peur est désormais dans le camp du pouvoir.

«Mon statut ne me permet pas d’aller à l’Assemblée pour écouter des insultes»

Il ne faut plus compter sur les interventions de Ousmane Sonko lors des plénières. Le député de Pastef révèle qu’il ne sera pas à l’Assemblée nationale pour se faire insulter. «Mon statut ne me permet pas d’aller à l’Assemblée nationale pour écouter des insultes. Je ne boxe pas dans la même catégorie que ces députés dont l’ambition se limite à figurer dans les listes des prochaines élections législatives», lance-t-il, avant de faire remarquer qu’il va continuer à honorer son rang de député notamment en ce qui concerne le contrôle de l’action du gouvernement, ainsi que la défense du peuple. Deux postures qui sont, dit-il, plus importantes que le temps de parole à l’hémicycle. A cet effet, il a annoncé prochainement une conférence de presse pour remettre sur la table l’affaire des 94 milliards classée sans suite par le procureur, ainsi que d’autres sujets qui ont fait l’objet de questions orales.

Par ailleurs, s’agissant de la prochaine élection présidentielle, il a annoncé qu’il sera candidat et ce n’est pas Macky Sall qui va l’en empêcher. «S’il y a quelqu’un qui ne sera pas un candidat, c’est bien lui», tranche-t-il.

Moussa CISS

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