Passeports diplomatiques : les raisons du scandale selon l’ex président de la majorité, Moustapha Diakhaté
Le débat sur le trafic de passeports diplomatiques impliquant des députés est loin de connaître son épilogue. Si les uns et les autres s’intéressent à la levée de l’immunité parlementaire des députés incriminés, l’ancien président du groupe parlementaire Benno bokk yakaar, Moustapha Diakhaté préfère mettre l’accent sur les causes de ce trafic.
Invité de l’émission Objection de ce dimanche sur Sud Fm, Diakhaté indique que « le passeport diplomatique était un droit pour le député » et non pour son conjoint ou ses conjointes (dans le cas de la polygamie).
« Seul le député devait en bénéficier. Malheureusement, au fil du temps, les gouvernements qui se sont succédés ont permis à l’époux ou épouse de député de disposer de passeport diplomatique. Quand on venait à l’Assemblée en 2012 c’est ça qu’on a trouvé. Ça a été posé en commission et en plénière. Les députés ont estimé, puisqu’au Sénégal la polygamie permet d’avoir jusqu’à 4 femmes, il est anormal qu’on donne un seul passeport à une seule épouse d’un député. Ce qui va poser un problème d’égalité des femmes des députés par rapport à un service public », se rappelle-t-il.
C’est ainsi que la demande a été formulée et le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Mankeur Ndiaye avait accédé à cette requête pour « permettre aux épouses des députés polygames de disposer de passeport diplomatique ». Malheureusement, regrette Moustapha Diakhaté, « c’est cette situation qui a été exploité par des députés pour se faire de l’argent ».
Dans cette affaire, souligne-t-il, « il faut une enquête sérieuse pour qu’on sache comment se fait-il qu’au bout de 5 ans que quelqu’un puisse se marier et divorcer 15 fois ». « Pour la première fois depuis 1960, on a vu des députés incriminés dans une affaire de trafic de passeports diplomatiques. C’est un affront, un outrage à la République et à l’institution parlementaire. C’est une indignité. Je crois que la justice, le président de la République et l’Assemblée nationale ont intérêt que cette affaire soit tirée au clair », s’indigne l’ancien chef de cabinet du président de la République.