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[Tribune] Cheikh Mahi Ibrahima Niass : le Missionnaire ! -Par Mamadou Mouth Bane

[Tribune] Cheikh Mahi Ibrahima Niass : le Missionnaire ! -Par Mamadou Mouth Bane
Cheikh Mahi Ibrahima Niass Mamadou Mouth Bane

La majorité des Sénégalais n’a découvert Cheikh Muhammadul Mahi Ibrahima NIASS que lorsqu’il est devenu le Khalif Général des Tidianes de Médina Baye. Et pourtant, à travers des conférences publiques qu’il animait, il avait inondé le Saloum et le Sine, de ses connaissances spirituelles et des enseignements du Prophète (PSL). Homme exceptionnel, d’une dimension religieuse qui défie l’imaginaire, Cheikh Mahi est investi de la mission de Khalife Général, à la bonne époque.

Le Khalifat de Cheikh Mahi coïncide avec le regain du terrorisme religieux qui préoccupe les Etats en Afrique, la reconnaissance par les Etats Unis de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël, la crise entre l’Ukraine et la Russie, les coups d’Etat en Afrique de l’Ouest, la Covid-19, la Présidence du Sénégal à l’Union Africaine, la victoire des Lions du Sénégal à la CAN 2022 etc. On peut encore continuer à citer des événements qui s’enchainent depuis l’arrivée de Cheikh Mahi à la tête de la «Fayda».

Sa première visite officielle à Dakar a été symbolique et historique. L’on avait retenu la teneur pertinente de son discours à l’égard de la jeunesse, de la classe politique. Mais également son invitation aux jeunes à s’investir dans l’agriculteur et pour l’auto entreprenariat. Ce discours de vérité qui révèle les secrets de sa maitrise des questions de gouvernance et de développement avait fini de convaincre les acteurs politiques qui se bousculaient devant sa porte pour s’afficher à ses côtés.

Cheikh Mahi Niass incarne la modernité religieuse, sa pédagogie reflète sa bonne compréhension des enjeux nationaux et internationaux du monde actuel. On ne lui apprend rien, il comprend tout. Car, c’est un esprit enraciné dans sa terre natale mais ouvert à l’extérieur. Ce qui explique sa clairvoyance dans la perception des choses et sa compréhension facile des situations.

Son approche humaniste, son style affable, son discours captivant, fédérateur sont faits d’un mélange d’intellectuel averti et de religieux convaincu.
Pourtant rien de nouveau sous le ciel. Cheikh Mahi n’a pas varié dans sa démarche. Malgré son titre de Khalife Général, il est resté le guide religieux accessible, accueillant et proche de ses semblables, ce qu’il a toujours été. Dans la perception du Khalifa et de sa mission, Cheikh Mahi fait preuve d’une différence rare chez les religieux de nos jours. Avant d’être Khalife, on le confondait à un simple disciple de la famille. Et pourtant, malgré son apparence simpliste, Cheikh Mahi (5e Khalife Général de Baye) est un pilier de la «Fayda».

A tout point de vue, l’homme se démarque de la routine et s’éloigne des sentiers battus. Il est le chef religieux de l’une des plus grandes confréries de l’Afrique voire du monde noir. Cette représentativité lui confère une influence planétaire. En dépit de cette posture envieuse, Cheikh Mahi demeure attaché à sa patrie en tant que Sénégalais né, grandi, formé à Kaolack par son père Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima NIASS «Baye».

Son humilité qui fait son principal trait de caractère, l’a poussé à réclamer le titre de «Xadimul Ummati » (Serviteur de la Umma) comme l’avait surnommé son père Baye Niass. C’est avec fierté qu’il se drape du manteau de Serviteur de l’Islam.
Cheikh Mahi ne cherche pas à être servi, il veut servir.
Servir l’Univers !
Servir l’Humanité !
Servir l’Islam !
Servir le Monde !
Servir l’Afrique !
Servir son Peuple !
Servir le Sénégal !
Servir Kaolack !
Servir Médina !
Servir la Fayda !
Servir le Prophète (PSL)
Servir Cheikh Ahmad Tijan !
On aurait pu se limiter à dire «Servir Baye» tout simple ! Et les initiés comprendront !

Un homme sans protocole Cheikh Mahi l’est. Egal à lui-même.
Cheikh Mahi a justement compris que pour servir l’Humanité, il faut être accessible et à l’écoute des humains sans distinction d’appartenance religieuse. Il est le seul chef religieux de sa dimension avec qui on peut avoir un tête à tête sans rendez-vous. Il faut juste le vouloir pour le rencontrer dans la ferveur familiale à Kaolack.

Le Khalife général de Médina n’a pas de porte. La cour de sa maison lui sert de salle d’audience. Voilà un modèle rare d’humilité pour un homme de sa dimension.
Intellectuel maitrisant les enjeux géopolitiques et géostratégiques du monde d’aujourd’hui et d’hier, Cheikh Mahi ne cesse de s’adresser à la jeunesse pour la conscientiser face aux défis qui l’interpellent. La constance de son discours témoigne d’un attachement à ses convictions et aux causes qu’il défend depuis sa prime jeunesse. Sa préoccupation capitale se résume en ces mots : épanouissement religieux, économique et social de l’être Humain tout court. Il cultive la paix et prêche la vérité.

La jeunesse est l’âme de la Nation. Elle est la couche sociale la plus dynamique, forte et intelligente. C’est uniquement, lorsqu’elle est impliquée dans l’édification d’une Nation sans couture, qu’elle pourra jouer pleinement son rôle. Mais faudrait-il que cette jeunesse soit consciente de son rôle en tant qu’acteur essentiel dans cette œuvre de construction nationale. C’est là le rôle véritable des formations politiques qui doivent éveiller et former les jeunes pour servir leur pays et participer aux efforts de développement. Les dirigeants doivent aussi faire confiance à la jeunesse et créer les cadres de leur épanouissement professionnel. La vision de Cheikh Mahi bâtisseur de la paix au Soudan, ne sort pas de ce cadre.

Seulement, cette jeunesse désœuvrée, devrait être protégée pour avoir les capacités de refuser d’exécuter les basses besognes commanditées par une certaine classe politique assoiffée de pouvoir. C’est la portée de l’invitation de Cheikh Mahi aux jeunes africains et sénégalais.

A l’élite politique sénégalaise, le Khalife de Médina BAYE rappelle son devoir pour bâtir un Sénégal de paix si nous voulons sortir du lot des pays pauvres. Voilà pourquoi, le Khalife insiste toujours sur le culte du travail. Car il revient aux dirigeants de mettre la jeunesse dans une posture de pouvoir jouer sa partition afin d’influencer positivement l’évolution des choses.
Le refus des autorités maliennes de voir son avion traverser leur espace aérien à cause des sanctions de la CEDEAO, a inspiré au Khalife un commentaire sur le sens de l’Union africaine. Puisqu’il n’existe pas de liberté de circuler pour les citoyens. Cela remet sur la table le débat autour des sanctions contre le Mali nées d’une crise politique.

Par rapport à la crise au Darfour opposant des communautés musulmanes Tijan affiliées à Médina BAYE, le Khalif Cheikh Mahi a tout simplement compris que le représentant de Baye NIASS sur cette terre, ne doit pas rester insensible face à cette crise politique avec ses lots de morts au Soudan.
Il fallait agir ! Agir pour réconcilier des peuples frères ! Agir pour susciter l’espoir et restaurer la confiance et l’entente entre les musulmans ! Agir en tant que Khalife d’El Hadji Ibrahima NIASS tenu de réconcilier ses frères en Allah. Car, véritablement, le Soudan est le prolongement territorial de Médina BAYE jusqu’à l’autre bout de l’Afrique. Et Darfour est considéré comme un quartier de Médina BAYE. C’est uniquement en ayant une compréhension pareille de la situation que l’on comprendra le sens du geste de Cheikh Mahi. Il a un sens élevé du devoir en tant que fils digne héritier de Cheikh Al Islam.

Dans une déclaration devant le Conseil de Sécurité, M. Volker, Chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) a fait état de «développements positifs» dès l’arrivée du Khalif Cheikh Mahi. Il a confirmé que «les autorités soudanaises ont remis en liberté au moins 86 détenus à travers le pays, y compris des hauts responsables affiliés au Comité de démantèlement et des militants des comités de résistance ». M. Volker s’est félicité «d’une sensible diminution des violences des forces de sécurité».
Pour appréhender l’importance de la mission du guide religieux sénégalais, il faut rappeler que «le nombre de Soudanais confrontés à une crise aiguë de la faim devrait ainsi doubler pour atteindre environ 18 millions d’ici septembre alors que le plan de réponse humanitaire pour 2022 ne sera financé qu’à hauteur de 13% » selon les Nations Unies.

Dix-huit millions c’est plus que toute la population sénégalaise, l’effectif des Soudanais faisant plus de 43 millions. Aujourd’hui, une révision des mécanismes de résolution des conflits s’impose car les organismes régionaux et internationaux comme l’Union africaine (UA), l’ONU et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) (Soudan) etc., semblent avoir perdu la confiance des acteurs en conflit. C’est ce qui explique souvent les contradictions entre les juntes militaires et les organismes internationaux.

Et le succès du guide religieux révèle l’existence d’une approche religieuse déconnectée de la politique qui semble mieux adaptée pour résoudre les conflits.
Là où les organisations internationales ont atteint leurs limites, le Khalife a démontré le rôle capital que les religieux peuvent jouer dans la résolution des conflits sociaux et politiques dans le continent.
De loin, les choses semblent évidentes. Toutefois, la situation est plus complexe qu’on pourrait l’imaginer. Parce qu’il s’agit de conflits politiques avec des relents sociaux et communautaristes. Dans cette partie de l’Afrique, les arabes et les africains noirs s’affrontent depuis des années. Ils se disputent le pouvoir et les terres sur fond de batailles sanglantes dont l’atrocité dépasse l’imagination. Cette zone est également riche en ressources minières et énergétiques et draine des intérêts géostratégiques.

Dans le passé, les Janjawids proches de l’ancien président Omar El Bachir sont accusés de plusieurs exactions sur les populations noires comme les Fur et les Zaghawas (ethnie de Deby ancien président du Tchad) à l’ouest du Soudan. D’ailleurs, Idriss DEBY accusait El Béchir d’avoir armé des rebelles tchadiens contre son pouvoir. Déby, pour se venger de l’ex président El Béchir, avait lui aussi soutenu des rebelles soudanais contre Khartoum. Finalement, c’est à Dakar qu’ils seront réconciliés par Me Abdoulaye WADE.
Humble qu’il est, Cheikh Mahi soutiendra que, tout le mérite du succès de sa mission, revient au Sénégal et à toutes ces familles religieuses qui ont porté le flambeau de l’Islam.

Les Organisations internationales et régionales devraient être en mesure de comprendre l’apport des guides religieux dans la résolution des conflits sociaux et politiques dans certaines régions africaines. Car, les mécanismes de résolution des conflits des Nations Unies, de l’Union africaine et des autres organisations sous régionales comme la CEDEAO ont atteint leurs limites opérationnelles. Il urge alors de changer d’approche, de méthode et d’hommes dans les stratégies de recherche de solutions.
Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine et des Nations Unies n’arrivent pas à résoudre les conflits dans le continent. Chaque année, des foyers de tension s’allument avec des conséquences humanitaires dramatiques. En plus, on assiste depuis quelques années, à des conflits au Mali, au Soudan, au Tchad, au Burkina Faso, en Guinée, en Congo, au Nigéria, au Niger, disons dans l’espace du G5 Sahel.

Plusieurs millions de Nigérians sont affiliés à Médina BAYE. Ils sont très représentatifs dans les grandes villes surtout à Maidiguri. Et pourtant, non seulement ils sont épargnés par le groupe terroriste Boko Haram dans leurs attaques, mieux encore, les disciples nigérians de Baye NIASS ne se sont jamais engagés dans le terrorisme. La question que l’on devrait se poser c’est pourquoi, les disciples de Baye Niass au Nigéria ne rejoignent pas Boko Haram ? Et pourtant, ils vivent dans les mêmes localités.
Chaque année, des milliers de disciples se rendent au Gamou annuel au Nigéria sans compter d’autres cérémonies religieuses et, malgré les craintes des services de sécurité nigérians, les disciples de Baye NIASS sont épargnés par Boko Haram. Ce constat nous amène à dire que la «Fayda» semble être un remède à l‘intégrisme religieux et au terrorisme violent.

L’influence de la «Fayda » de Baye Niass à travers l’Afrique devrait suffire comme solution pour résoudre l’équation du terrorisme. L’ouverture d’esprit de Cheikh Mahi NIASS, la pédagogie de sa démarche et son recours aux enseignements de El Hadji Ibrahim NIASS inspirés par la vie et l’œuvre du Prophète (PSL) sont des éléments déterminants dans cette mission de «Xadimul Ummati ».
Dans tous les pays du G5 Sahel, de la CEDEAO jusqu’à la CEMAC en Afrique centrale (Tchad, Centrafrique) au Soudan et Ethiopie, en Erythrée, la «Fayda » domine en nombre. Ce sont des peuples qui s’expriment avec des langues différentes et qui ont l’Islam en commun et El Hadji Ibrahim NIASS comme repère.

Cette influence de Baye Niass est également citée en référence en dehors de l’Afrique. D’ailleurs, en 2012, l’ancien président de la République du Sénégal Me Abdoulaye WADE avait reçu une délégation du Parti Républicain américain à Dakar. Les Américains lui avaient demandé d’intervenir dans la crise au Nord du Nigéria. Ils avaient appris à travers des études faites, qu’il y avait beaucoup de disciples de Baye Niass au Nigéria. Me Abdoulaye WADE prendra ainsi l’engagement d’intervenir en mettant trois (03) conditions sur la table :
1- Mise en place d’une délégation dirigée par le Khalife Général de Médina BAYE
2- Choix dans cette délégation d’un représentant de l’Eglise sénégalaise
3- Demander à Goodluck Jonathan alors président du Nigéria de lui adresser une demande en ce sens.

Toutes ces conditions ont été acceptées par la délégation américaine. Cependant, avant le démarrage de la mission, le président WADE a quitté le pouvoir. Cela confirme encore une fois, la dimension de l’influence de la «Fayda» à travers le monde.
C’est cette influence est religieuse, politique, sociale, économique et financière qu’il faudra capitaliser pour que la vision d’El Hadji Ibrahim NIASS qu’est «l’Afrique aux Africains » soit enfin une réalité.
C’est alors un soulagement de voir le Khalife de Baye NIASS en 2022, entreprendre des actions pour une Afrique stable et un Sénégal de paix.
Cheikh Mahi Niass a posé les jalons d’une paix durable au Soudan. Il revient maintenant à la classe politique soudanaise unie, d’œuvrer pour son renforcement. L’exemple étant la meilleure des leçons, l’élite politique sénégalaise devrait s’en inspirer si elle aspirait à bâtir un Sénégal prospère.

Mamadou Mouth BANE

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