Démocratie

Procès des leaders de Yewwi : ce que Déthié Fall, Ahmeth Aidara et Mame Diarra Fam ont dit aux juges

Macky Sall - opposition
Les leaders de Yewwi Askan Wi Déthié Fall, Ahmeth Aidara et Mame Diarra Fam ont été jugés ce lundi

Arrêtés et jetés en prison en marge de la dernière manifestation de la coalition Yewwi Askan Wi, les leaders de l’opposition sénégalaise Déthié Fall, Ahmeth Aidara et Mame Diarra Fam ont fait face aux juges Lundi. Au magistrats, les leaders politiques ont dit leur quatre vérités, a constaté klinfos.

Déthié Fall : « j’ai été enlevé par la gendarmerie… »

Attrait devant la barre des flagrants délits pour répondre de ses actes après son arrestation le 17 juin, Déthié Fall a été entendu par le juge, ce 27 juin. Il a nié en bloc les délits de participation à un rassemblement illicite et attroupements non armés. « Je rejette tous ces faits, je n’en retiens aucun. J’ai été enlevé devant notre siège sur la Vdn. », a expliqué le mandataire de la coalition Yewwi Askan Wi.

Invité à s’expliquer sur le maintien de la manifestation du 17 juin alors qu’elle était interdite par le préfet, le président du PRP clarifie. « Comment peut- on maintenir une manifestation dans son siège alors qu’elle avait été retenue à la place de la nation. Une organisation qui n’a pas existé, comment je peux y participer ? J’ai fait moi-même la déclaration, je suis le principal organisateur. C’est moi qui ai introduit la demande au niveau de la préfecture. Un rassemblement qui n’a pas existé et qui devait se tenir à la place de la nation si je devais y participer, croyez-moi, monsieur le président, je le ferai même si toute l’armée était réunie. Je n’ai pas participé à une manifestation qui a été interdite, par contre j’ai introduit la demande conformément à la loi. », a expliqué Déthié Fall.

Interpellé sur l’appel à manifester qu’il a émis à l’endroit de ses partisans et sympathisants soumis dans le procès-verbal d’enquête, Déthié Fall a tenu à préciser. « Je n’ai même pas signé le pv. L’interdiction confirmée par la cour suprême nous est parvenue à 15h et j’ai été enlevée par la gendarmerie. Quand le préfet a manifesté l’interdiction, nous avons tenu plusieurs déclarations. », a-t-il dit. Il sera de suite relancé par le procureur.

« M. le procureur, on est au Sénégal, une démocratie majeure. Le droit de manifester est reconnu par la constitution. Quand l’interdiction nous a été notifiée, on a été républicain. Tous les leaders que vous voyez ici et moi n’avons même pas eu le temps de nous concerter sur le recours de la cour suprême. », a soutenu Déthié Fall. « Quelles conséquences vous tirez de l’arrêt de la cour suprême ? », a ajouté le procureur.

« On était tous debout pour la démocratie et les libertés. On n’a même pas eu le temps d’apprécier la décision de la cour suprême. J’ai été enlevé par la gendarmerie et la seule réponse que j’ai reçue c’est qu’un ordre vient de tomber et il faut qu’on m’amène. », a-t-il répondu.

Déthié Fall a également fait savoir après interpellations de ses conseils que la tranche horaire entre 15h et 16h l’a trouvé à son siège et qu’aussi entre 16h et 19h, il était retenu à la brigade de recherche. Il a, par la même occasion dénoncé, les conditions de sa détention. « Je ne pense pas que je sois depuis que je suis arrêté, avoir été traité comme il faut. Je connais très bien, trop même, mes droits. Je suis député mais je ne sais pas si je suis fier de l’être ou pas. On m’a arrêté alors que l’assemblée nationale est en cession. », a conclu le mandataire de la coalition Yewwi Askan Wi.

Ahmed Aidara : « je sors et recommence à marcher »

Après les huit prévenus, le maire de la ville de Guediawaye a pris la parole devant le juge et le parquet pour s’exprimer sur les motivations de son arrestation. Ahmed Aidara déclare devant la barre : « j’avais décidé de porter plainte contre le policier qui m’avait arrêté. J’étais sorti pour aller à mon bureau. Il est venu me dire d’entrer dans mon véhicule ou il m’arrête. Mais le Commandant Ndoye a voulu impérativement m’embarquer ; ce qui est vraiment regrettable. Mes avocats m’ont demandé de ne pas porter plainte, mais je ne suis pas prêt à le faire… ».

Devant le juge, Ahmed Aidara ne peut accepter qu’on puisse porter atteinte à son honneur dans le cas de cette arrestation. Le juge prenant la parole rappelle au maire que « si on est porteur de voix et un idole pour une population, il faut éviter de s’attirer des ennuis ». « Vous n’êtes pas notre collègue mais notre élu… si vous êtes notre collègue, nous ne pouvons pas vous juger… Il faut matérialiser vos actes dans le respect de l’Etat de droit. Il faut dépassionner le débat et dire le droit » signifie le magistrat à l’endroit du maire, membre de la coalition Yewwi Askan Wi.

Mame Diarra Fam : « j’ai été jetée dans un fourgon de la gendarmerie »

La députée Mame Diarra Fam a comparu, ce 27 juin, pour répondre des délits de participation à un rassemblement illicite et attroupement non armé. Devant la barre des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar, la responsable politique de l’inter-coalition Yaw/Wallu est revenue sur son arrestation le 17 juin dernier. Elle a préalablement rejeté toutes les charges retenues contre elle. « Je partais voir Barthélémy Dias chez lui. Je n’ai participé à une quelconque manifestation, sinon je ne me ferai jamais fait accompagner par mes deux (2) fils qui revenaient fraîchement d’Italie et qui ne comprennent pas le wolof pour les faire participer à des attroupements », a expliqué Mame Diarra Fam.

« Lorsque je me suis présentée à la ruelle qui mène chez Barthélémy Dias, il y avait un premier cordon sécuritaire, j’ai présenté ma carte professionnelle de député aux gendarmes qui m’ont laissé passer avant que je n’aperçoive après avoir passé le second cordon, Barthélémy Dias qui était sur sa terrasse. Je lui ai tendu la main pour lui demander de m’ouvrir la porte », a déclaré devant la cour la libérale. Mame Diarra Fam s’est, devant le juge, indignée de son traitement par les forces de défense et de sécurité. « Les forces de défense et de sécurité m’ont bousculée pour m’arrêter. En tant que parlementaire, j’ai été jetée dans un fourgon de la gendarmerie sans aucun respect et aucune considération. Lorsque les faits se déroulaient, il y’a un de mes fils qui me demandait en italien ce qui était en train de se passer », a raconté la députée.

Interpellée par le procureur sur sa connaissance de la manifestation interdite et les incidents notés à la devanture du domicile de Barthélémy Dias, Mame Diarra Fam relativise. « Oui, j’étais au courant de la manifestation interdite, par contre, je ne sais pas s’il y’avait des incidents chez Barthélémy, mais je sais juste que la manifestation devait se tenir à la place de l’Obélisque », a-t-elle répondu avant d’enchaîner. « M. le président, il faut qu’on se dise la vérité, dans ce pays les gens ont des proches, des amis, des sympathisants et il faut qu’on leur rende visite », a confié Mame Diarra Fam.

Interpellée par ses conseils si le fait de rendre visite à Barthélémy Dias était un délit, la députée a répondu par la négative et entend d’ailleurs repartir, dès que possible, voir celui qu’elle perçoit comme son fils. « À ce que je sache, rien ne m’interdit d’aller voir Barthélémy Dias et si je ressors d’ici, la première chose que je ferai, c’est de repartir voir Barthélemy », a-t-elle conclu en réaffirmant son appartenance au groupe parlementaire des libéraux et démocrates et partisane du Pds.

Abdoulaye NDIAYE

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