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Tunisie : la dégueulasse chasse aux Subsahariens

Violence policière en Tunisie
Violence policière en Tunisie (Illustration)

En Tunisie, le président Kaïs Saïed s’en prend aux migrants subsahariens. Dans un communiqué, le chef de l’Etat a affirmé que l’immigration relevait d’un « plan criminel pour changer la composition du paysage démographique » du pays. Depuis lors, plus de 300 ressortissants subsahariens, dont des enfants et des étudiants, en garde à vue

Une vague de répression notée depuis début février, à travers des arrestations « abusives » et des contrôles au faciès en série, en « l’absence d’assistance juridique. » La preuve : « le 16 février, dans une banlieue de l’ouest de Tunis, les employés d’une garderie tenue par un couple ivoirien, ainsi que les parents venus chercher leurs enfants, ont été conduits au commissariat initialement pour un contrôle de papiers de résidence », rapporte la source. Laquelle souligne que « si quelques enfants ont été confiés à des proches ou au commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr), beaucoup de ces mineurs ont été placés dans un centre.

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, tenue mardi dernier, le Président tunisien, Kais Saied, a prôné des « mesures urgentes » contre l’immigration clandestine de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, affirmant que leur présence en Tunisie était source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ». Des propos qui ont mis l’ancienne Première ministre, Aminata Touré, hors d’elle. “Qu’attendent les Présidents africains pour condamner avec la dernière énergie les propos racistes et haineux du Président tunisien Kais Saied contre les migrants africains ?”, s’est-elle indignée sur le réseau social Facebook.

Dans sa publication, elle n’avait pas manqué d’interpeller directement le Président Macky Sall, qui vient de terminer son mandat à la tête de l’Union africaine (Ua).

Le président tunisien, Kaïs Saïed, a semé l’émoi, dans son pays et à l’étranger, en laissant entendre, mardi 21 février, que la venue de migrants subsahariens relèverait d’un complot visant à affaiblir l’identité arabo-islamique en Tunisie. « Il existe un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie, et certains individus ont reçu de grosses sommes d’argent pour donner la résidence à des migrants subsahariens », a déclaré le chef de l’Etat, cité dans un communiqué de la présidence de la République.

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Lors d’un conseil de sécurité nationale convoqué sur le sujet, M. Saïed a évoqué des « hordes de migrants clandestins » dont la présence en Tunisie serait, selon lui, source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ». Insistant sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration, il l’a assimilée à « une volonté de faire de la Tunisie seulement un pays d’Afrique et non pas un membre du monde arabe et islamique », une rhétorique proche de la théorie du « grand remplacement » défendue par l’extrême droite en France et dans d’autres pays occidentaux. Eric Zemmour, le président du parti français Reconquête !, s’est d’ailleurs félicité dans un tweet, publié mercredi matin, que « les pays du Maghreb eux-mêmes commencent à sonner l’alarme face au déferlement migratoire ».

« Kaïs Saïed s’approprie un discours d’extrême droite sur la migration qu’il n’aurait jamais toléré si celui-ci avait été prononcé en Europe sur la migration irrégulière des Tunisiens, commente l’anthropologue Kenza Ben Azouz, spécialiste du racisme en Tunisie. En prenant pour bouc émissaire la communauté subsaharienne sans s’attaquer de fond à la question migratoire, il s’ancre dans une logique populiste et opportuniste. »

Gnilane DIOUF

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