Démocratie

Sénégal : Macky Sall dissout le Pastef d’Ousmane Sonko

Ousmane Sonko lors de la cérémonie de fusion de Pastef avec 13 autres organisations politiques
Ousmane Sonko, président Pastef

Dans ce qu’il convient d’appeler son bras de fer avec l’opposant Ousmane Sonko, l’Etat du Sénégal a décidé de ne plus faire les choses à moitié. Alors que la rue manifeste violement suite au placement sous mandat de dépôt du leader de l’opposition, le président de la République a pris dans la foulée, la décision de dissoudre sa formation politique, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef-Les Patriotes), par décret N° 2023-1407 du 31 juillet 2023. Le ministre de l’intérieur qui en a fait l’annonce accuse Ousmane Sonko de fréquemment appeler ses partisans « à des mouvements insurrectionnels ». Aussi, l’État du Sénégal annonce que « les biens du parti dissous seront liquidés conformément aux dispositions légales et règlementaires en vigueur ».

Le gouvernement sénégalais a annoncé ce lundi 31 juillet 2023 la dissolution du parti de l’opposant Ousmane Sonko, moins de deux heures après son inculpation et son placement en détention pour « appels à l’insurrection et complot » contre l’État. « Le parti politique Pastef est dissous par décret », a annoncé le ministre de l’Intérieur Antoine Diome dans un communiqué, justifiant sa décision par ses appels « fréquents » à des « mouvements insurrectionnels » qui ont fait selon lui de nombreux morts en mars 2021 et juin 2023.

«Le parti politique Pastef, à travers ses dirigeants et ses instances, a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels, ce qui a entrainé de lourdes conséquences, incluant de nombreuses pertes en vies humaines, de nombreux blessés, ainsi que des actes de saccage et de pillage de biens publics et privés. Les dernières en date sont les graves troubles à l’ordre public enregistrés au cours de la première semaine du mois de juin 2023, après ceux du mois de mars 2021 », lit-on dans un document signé par le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome.

Dans sa note qui acte provisoirement la mort de la formation patriotique de gauche, le ministre de l’intérieur Antoine Félix Diome indique également que les actes posés par Ousmane Sonko compagnie constituent un graves manquement aux obligations des partis politiques et conformément aux dispositions de la loi sénégalaise relative aux partis politiques. Prétextant les violent évènements de juin dernier, le ministre de l’intérieur note : « suite à ces évènements qui constituent un sérieux et permanent manquement aux obligations des partis politiques et conformément aux dispositions de l’article 4 de la Constitution et de l’article 4 de la loi n° 81-17 du 06 mai 1981 relative aux partis politiques, modifiée par la loi n° 89-36 du 12 octobre 1989, le parti politique PASTEF est dissous par décret N° 2023-1407 du 31 juillet 2023 ». Ainsi, dit-il, en conséquence, « les biens du parti dissous seront liquidés conformément aux dispositions légales et règlementaires en vigueur. »

Rappelons que Ousmane Sonko a été placé sous mandat de dépôt, hier à l’issue de son audition par le doyen des juges, Oumar Makham Diallo, au terme d’une audition de 4 heures. Huit chefs d’accusation ont été retenus contre le maire de Ziguinchor. Il s’agit de : « appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’Etat, complot contre l’autorité de l’Etat acte et manœuvre à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, mais également pour vol ».

Ousmane Sonko, 49 ans, investi candidat par son parti, voit ainsi s’ouvrir une troisième procédure judiciaire à son encontre, qui risque de compromettre encore davantage sa participation à l’élection présidentielle de février 2024. L’opposant avait été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans l’affaire dite Sweet Beauty. Une condamnation désormais anéantie selon de nombreux juristes. Avant ça, il avait été condamné le 8 mai à six mois de prison avec sursis à l’issue d’un procès en appel pour « diffamation », une peine perçue comme le rendant inéligible. Mais il n’a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.

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